Un opposant au pouvoir en Arabie saoudite a été condamné à mort pour avoir dénoncé la corruption et des violations de droits de l'Homme présumés sur les réseaux sociaux, ont indiqué lundi à l'AFP son frère et des sources proches de l'affaire.
Mohammed al-Ghamdi a été jugé en juillet par la Cour pénale spécialisée, une juridiction établie en 2008 pour traiter les affaires liées au terrorisme, mais aussi largement utilisée pour juger des dissidents politiques et des militants des droits humains.
Les charges retenues contre lui incluaient le complot contre les dirigeants saoudiens, l'atteinte aux institutions de l'État et le soutien à l'idéologie terroriste, selon des sources proches de l'affaire.
Les autorités du royaume n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.
Selon Saeed al-Ghamdi, frère de Mohammed et militant en exil, le dossier reposait au moins en partie sur des messages publiés sur le réseau social X (ex-Twitter), critiquant le gouvernement et exprimant un soutien aux «prisonniers d'opinion», comme les dignitaires religieux Salman al-Awda et Awad al-Qarni.
Le compte de Mohammed al-Ghamdi sur X ne comptait pourtant que neuf abonnés, selon le Centre du Golfe pour les droits de l'Homme.
«Les tribunaux saoudiens intensifient leur répression et lèvent le voile sur leurs fausses promesses de réformes», a réagi Lina al-Hathloul, responsable de la communication de l'association de défense des droits humains ALQST, basée à Londres.
«Comment le monde peut-il croire que le pays est en train de se réformer alors qu'un citoyen va avoir la tête tranchée pour des tweets sur un compte anonyme ayant moins de dix abonnés ?», s'est-elle interrogée.
La riche monarchie du Golfe est l'un des pays ayant le plus recours à la peine capitale. Quelques 147 personnes y ont été exécutées en 2022, et 94 depuis le début de cette année, selon un décompte de l'AFP.
Les médias d'Etat ne précisent pas le mode d'exécution, mais la décapitation a souvent été utilisée dans le passé.
Sous la houlette de son puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, l'Arabie saoudite s'est engagée dans un ambitieux programme de réformes visant à transformer le royaume ultraconservateur en une destination mondiale pour les affaires et le tourisme.
Mais le pays a souvent été critiqué pour son bilan en matière de droits humains, notamment après les peines de prison très sévères infligées l'année dernière contre deux femmes ayant relayé des messages critiques sur les réseaux sociaux.
Le climat politique est «pollué par la répression, la terreur et les arrestations politiques pour le simple fait d'exprimer une opinion, même en tweetant ou en aimant des tweets critiques», a déclaré Saeed al-Ghamdi.