ANKARA (AFP) - La peine de mort prononcée par la justice turque à l'encontre du chef rebelle kurde Abdullah Ocalan a été commuée jeudi à la réclusion à perpétuité après l'abolition, cet été, de la peine capitale, en temps de paix, par le parlement turc.
La Cour de sûreté d'Ankara (DGM) a commué la peine prononcée en juin 1999 à l'encontre du chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour trahison et séparatisme, a rapporté l'agence Anatolie.
Le PKK, rebaptisé aujourd'hui KADEK, a mené pendant 15 ans une lutte armée dans le sud-est du pays, à majorité kurde, pour obtenir la création d'un Etat kurde indépendant. Les combats, qui ont aujourd'hui pris fin, ont fait plus de 36.000 morts.
La décision de la Cour devait être immédiatement notifiée à Ocalan sur l'île prison d'Imrali (en mer de Marmara), où il est le seul détenu, ajoute Anatolie.
L'abolition de la peine de mort sauve la tête d'Abdullah Ocalan, 54 ans, qui restera derrière les barreaux jusqu'à la fin de ses jours sans espoir d'amnistie, selon la décision du tribunal.
Elle fait partie d'une série de réformes adoptées à une large majorité par les députés turcs le 3 août dernier pour aligner la Turquie, candidate à l'Union européenne, sur les normes européennes.
La Turquie avait accepté après sa condamnation de surseoir à l'exécution d'Ocalan jusqu'à un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme saisie par les avocats du chef kurde.
Emprisonné en 1972 pendant sept mois pour "activités pro-kurdes", il avait fondé avec quelques amis étudiants le PKK, un parti marxiste-léniniste, en novembre 1978.
Il avait fui la Turquie avant le coup d'Etat militaire de septembre 1980 et a vécu dès lors en exil, le plus souvent à Damas ou dans la plaine libanaise de la Bekaa sous contrôle syrien, où il avait installé son quartier général et un camp d'entraînement.
En août 1984, il avait opté pour la lutte armée, jugeant ses effectifs suffisants.
Considéré pendant des années en Turquie comme l'ennemi public numéro un, il avait finalement été capturé par les services secrets turcs en février 1999 au Kenya et ramené clandestinement en avion dans le pays.
La décision du parlement d'abolir la peine de mort --en temps de paix-- avait été accueillie avec joie par sa famille, mais condamnée par les familles de soldats tués pendant les 15 ans qu'a durés la rébellion armée.
Le parti nationaliste MHP, qui participe à la coalition au pouvoir et qui avait voté contre l'abolition de la peine capitale au parlement, en avait récemment appelé à la cour constitutionnelle pour faire annuler la loi.
Les autres principaux partis avaient toutefois averti que l'exécution d'Ocalan en fairait un martyr et nuirait aux chances du pays de rejoindre l'Union européenne.