KABOUL (AFP) — Les autorités afghanes ont exécuté dimanche quinze hommes pour divers crimes, dont des enlèvements et meurtres d'étrangers, mais sont restées extrêmement discrètes sur ces premières exécutions de condamnations confirmées depuis plus de trois ans.
Les exécutions ont eu lieu dimanche soir dans la prison de Pul-i-Charkhi à Kaboul, ont annoncé des sources gouvernementales et la télévision d'Etat.
"Oui, quinze personnes précédemment reconnues coupables ont été exécutées", la plupart pour meurtre, a indiqué un haut responsable gouvernemental.
Les quinze suppliciés avaient été condamnés pour meurtre, viol, vol à main armée, enlèvement et "crimes politiques" tels l'usage de bombes et d'activités anti-gouvernementales, a déclaré la télévision d'Etat.
Parmi eux, a indiqué la chaîne de télévision, figure Reza Khan, un des coupables de l'assassinat en 2001 de trois journalistes étrangers, l'Italienne Maria Grazia Cutilli qui avait également été violée, l'Australien Harry Burton, et l'Espagnol Julio Fuentes, ainsi qu'un photographe afghan, Azizullah Haidari.
Un homme impliqué dans l'enlèvement de l'Italienne Clementina Cantoni de l'ONG Care International durant 22 jours en mai 2005 et qui a tué plusieurs compatriotes, a aussi été exécuté tout comme trois tueurs en série, coupables de 27 meurtres crapuleux.
Le chef du gang responsable de l'enlèvement de la jeune femme, Timur Shah, se serait toutefois échappé de prison avant son exécution, selon une source informée qui a requis l'anonymat. "C'était un travail interne. Il portait de fausses menottes et a réussi à échapper au peloton", a précisé cet officiel, mais cette information n'avait pu lundi soir être confirmée auprès d'autres sources.
La dernière exécution connue, le 27 avril 2004, avait été celle d'un chef de milice, Abdulla Shah, reconnu coupable de multiples assassinats durant la guerre civile.
Cependant, le porte-parole de la Cour Suprême, Wakil Omari, a estimé que "d'autres condamnés ont depuis été exécutés, dont certains pour des crimes politiques. Je n'ai pas de détail sur leur nombre mais je ne pense pas que ce soit la seconde fois que des condamnés aient été exécutés" depuis la fin du régime des talibans à la fin de 2001".
Il y a environ 300 condamnés dans les couloirs de la mort, dont certains attendent depuis l'arrivée au pouvoir du président Hamid Karzai en 2002.
Ce dernier, un opposant à la peine capitale, a dû comme le stipule la constitution donner l'ordre final de mise à mort.
"Le président a été très hésitant avant de signer l'ordre. Il l'a fait après une longue hésitation", a confirmé un député indépendant, Daoud Sultanzai.
Le représentant du secrétaire général de l'Onu en Afghanistan, Tom Koenigs, a rappelé lundi soir l'opposition de l'organisation internationale à la peine de mort. Rappelant qu'il était "un ferme partisan d'un moratoire" sur les exécutions dans ce pays, M. Koenigs a souhaité que ce pays continue "à oeuvrer pour atteindre les plus hauts standards en matière de droits de l'Homme".
Les talibans, qui ont gouverné l'Afghanistan de 1996 à 2001, avaient pour habitude de pratiquer les exécutions publiquement. Le type de peine capitale était déterminé en fonction du crime commis et variait entre la décapitation et la lapidation. Dans leur application stricte de la charia (loi islamique) ils coupaient aussi la main aux voleurs.
La prison de Pul-i-Charkhi à Kaboul est restée liée dans l'histoire du pays aux exécutions massives effectuées sous le régime communiste entre 1987 et 1992.