Le recours déposé par un condamné à mort noir américain accusé d'avoir tué un policier et qui se dit innocent sera examiné vendredi par le Comité des grâces de Géorgie (sud-est), tandis que de nombreuses voix s'élevaient jeudi pour crier à l'injustice.
Jeudi, Amnesty international a prévu d'aller au comité des grâces d'Atlanta (Géorgie) déposer "21.000 des plus de 100.000 signatures recueillies pendant sa campagne pour réclamer que justice soit faite pour le condamné à mort Troy Davis", a assuré l'organisation dans un communiqué.
Troy Anthony Davis, 40 ans, doit être exécuté le 23 septembre pour le meurtre de Mark McPhails, un policier blanc de 27 ans, tué alors qu'il tentait de s'interposer dans une rixe sur le parking d'un fast-food à Savannah, en Géorgie.
Il a été condamné à la peine capitale en 1991 sans preuve matérielle et sans que l'arme du crime ait jamais été retrouvée. Le jury a fondé sa décision sur la base de neuf témoignages, dont sept se sont dédits depuis, assurant avoir subi des pressions de la police à l'époque pour accuser M. Davis.
Selon Amnesty International, l'un des témoins, illettré, a signé la déposition que lui proposait la police sans pouvoir en lire le contenu.
Troy Davis, qui n'a jamais nié avoir été sur les lieux du crime mais a toujours maintenu qu'il n'était pas l'auteur du meurtre, avait échappé à son exécution moins de 24 heures avant, en juillet 2007.
Se disant "troublé" par les nouveaux éléments apportés par la défense (les sept témoins revenus sur leurs dépositions), le comité des grâces lui avait alors accordé trois mois de sursis.
Mais depuis la Cour suprême de Géorgie a validé l'exécution de M. Davis, en lui refusant l'organisation d'un nouveau procès.
"Le dossier de Troy Davis est un nouvel exemple de l'incapacité de notre système pénal à garantir +au delà d'un doute raisonnable+ que seuls les coupables sont condamnés à mort", a estimé l'ACLU, puissante association américaine défendant les libertés civiles, dans un communiqué séparé.
Elle a rappelé l'opinion d'une des juges minoritaires de la Cour Suprême de Géorgie en mars, Leah Sears, pour qui la Cour se montrait "excessivement rigide", alors que la question "est de savoir si oui ou non une personne innocente peut avoir été déclaré coupable et, dans ce cas, peut être exécuté".
En juillet 2007, le Conseil de l'Europe avait pris fait et cause pour Troy Davis. Jugeant que son exécution "pourrait devenir l'exemple d'une méprise irréversible et d'une tragique erreur judiciaire", il avait pressé les Etats-Unis de ne pas procéder à l'exécution.