HARTFORD (Etats-Unis) - La gouverneure du Connecticut Jodi Rell a apposé son veto vendredi à une loi qui aurait aboli la peine de mort dans cet Etat du nord-est des Etats-Unis.
En annonçant sa décision de ne pas promulguer la loi, Mme Rell, une républicaine, a souligné qu'elle comprenait que c'était une question "qui soulevait des passions dans les deux camps".
Elle avait annoncé préalablement qu'elle apposerait son veto, estimant que "certains crimes sont si haineux, si fondamentalement révoltants, que la peine de mort est justifiée."
Le Sénat de l'Etat avait voté l'abolition de la peine capitale par une courte majorité de 19 voix pour et 17 contre le 22 mai, après un débat qui avait duré jusqu'à 4 heures du matin. L'Assemblée avait confirmé le projet de loi par 90 voix contre 56.
Le parlement du Connecticut, contrôlé par les démocrates, ne devrait pas tenter de passer outre le veto, selon les experts, la majorité des deux-tiers étant requise.
La loi aurait fait de la détention à perpétuité la peine maximale dans cet Etat, qui compte actuellement 10 condamnés à mort.
35 Etats américains permettent les exécutions. Le Connecticut a rétabli la peine de mort en 1973 mais un seul condamné a été exécuté depuis.
Au milieu des années 90, la majorité des Américains soutenaient la peine de mort, et le nombre annuel de condamnés a pu monter jusqu'à 326. Ce soutien a largement chuté depuis, notamment après quelques cas éclatants d'innocence prouvée par des analyses ADN, en partie à cause du coût des procès, des appels, et des exécutions.
En 2007 115 personnes ont été exécutées aux Etats-Unis, selon les statistiques du ministère de la Justice et durant les trois dernières années, trois nouveaux Etats ont aboli la peine capitale.
Les opposants à la peine de mort dans le Connecticut ont des arguments statistiques prouvant les disparités géographiques et raciales dans son application, rappellent les erreurs judiciaires commises, et insistent sur les coûts.
L'Union américaine des Libertés civiles, l'Association des évêques catholiques du Connecticut, et d'autres mouvements abolitionnistes ont ainsi lancé des appels pressants à la gouverneure afin qu'elle signe la loi.
Mais William Petit, un médecin de la région dont l'épouse et les trois filles avaient été sauvagement assassinées en 2007, avait pris la parole récemment lors d'une réunion publique, laissant peu d'espoir de promulgation de la loi.