RYAD - L'Arabie saoudite a annoncé mercredi qu'un tribunal spécial avait rendu son verdict dans les procès de 330 membres présumés d'Al-Qaïda, comportant au moins une condamnation à mort.
Ce groupe, qui fait partie d'un millier de suspects détenus pour leur implication présumée dans la vague de violence ayant ensanglanté le royaume de 2003 à 2006, étaient jugés pour "des crimes liés au terrorisme d'Al-Qaïda et à la sécurité de l'Etat", a rapporté l'agence officielle Spa.
Ils ont été jugés sous les accusations "d'appartenance au groupe des égarés (Al-Qaïda, NDLR), implication dans des activités de ce groupe, contacts, coordination et activités avec des parties étrangères oeuvrant pour comploter contre la sécurité nationale", selon Spa.
Ils étaient également poursuivis pour "soutien et financement du terrorisme", a ajouté l'agence citant un porte-parole du Bureau d'investigation et du procureur général, qui fait office de parquet, sans donner de précisions sur le nombre des accusés jugés, ni sur le verdict.
Au total, 330 accusés ont été jugés dans 179 procès et les verdicts rendus "vont des peines de prison selon le type de crime (commis) à la peine de mort dans un seul procès", a ensuite déclaré le porte-parole du ministère saoudien de la Justice, cheikh Abdallah al-Saadane.
Ce porte-parole, cité par l'agence Spa, n'a pas précisé si la condamnation à mort concernait un ou plusieurs accusés.
La chaîne de télévision satellitaire Al-Arabiya, à capitaux saoudiens, a indiqué que seul l'un des 330 accusés avait écopé de la peine capitale.
Les verdicts rendus prévoient aussi "des amendes, des interdictions de quitter le territoire, des assignations à résidence pour diverses périodes dans une ville du choix de la personne jugée (...) ainsi que l'acquittement de certains accusés", a ajouté le porte-parole du ministère de la Justice.
Il a indiqué que ce verdict du tribunal de première instance pourrait donner lieu à des recours en appel.
Les personnes jugées font partie des 991 suspects aux mains des autorités pour leur implication présumée dans des attentats qui ont frappé l'Arabie saoudite notamment dans les années 2003-2006, et qui ont fait une centaine de tués.
Leurs procès auraient débuté au début de l'année.
En mai, des militants saoudiens des droits de l'Homme avaient dénoncé, dans une pétition au roi, le caractère secret des tribunaux jugeant les suspects dans une pétition et appelé à des procès "justes et publics".
En juin, le président de la commission officielle des droits de l'Homme, Bandar al-Aiban, avait assuré que son groupe suivait les procès et que les accusés avaient droit à un avocat.
Le porte-parole du ministère de la Justice a affirmé mercredi que le tribunal spécial avait proposé aux accusés, dès le début de leurs procès, d'"assurer leur propre défense ou de désigner un avocat".
Il a en outre promis des procès publics pour les autres détenus. "Des arrangements sont en cours pour permettre aux médias de suivre et couvrir les procès", a dit M. Saadane, cité par l'agence Spa.
Mais Christoph Wilcke de l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, basée à New York, interrogé par l'AFP, s'est montré réservé.
"Selon mes quelques sources, les procès étaient sommaires par essence, et bien que je ne puisse pas le vérifier, cela est une source d'inquiétude en raison du caractère secret des procès", a-t-il dit, ajoutant que c'était dans l'intérêt du régime saoudien que les suspects, détenus depuis des années sans procès, soient enfin jugés.
Outre les 991 accusés, quelque 2.000 autres suspects seraient aussi détenus pour les mêmes motifs en Arabie saoudite, selon des organisations de défense des droits de l'Homme.