BALI, Indonésie (Reuters) - Un tribunal indonésien a condamné à mort un extrémiste musulman pour son rôle dans les attentats à la bombe perpétrés le 12 octobre dernier à Bali. Il est le premier à être condamné parmi les 38 suspects arrêtés dans cette affaire et traduits devant la justice.
La conclusion du procès d'Amrozi, mécanicien indonésien de 40 ans originaire de Java et contre lequel le parquet avait requis la peine de mort, intervient au surlendemain de l'attentat qui a fait 10 morts et 150 blessés à l'hôtel Marriott de Djakarta, un établissement de luxe géré par des Américains.
"Allah est le plus grand!", a clamé à deux reprises Amrozi, souriant, lorsque le président du tribunal a prononcé sa condamnation pour complot, organisation et réalisation de crimes terroristes en relation avec les attentats de Bali.
Ces dernier avaient fait 202 morts, dont une majorité de touristes, mais aussi des dizaines d'Indonésiens.
Juste après l'annonce, Amrozi, surnommé le "plastiqueur qui rit" en raison de son attitude arrogante lors de précédentes comparutions, a pivoté sur sa chaise pour faire face à des survivants et à des proches de victimes dans la salle d'audience, arborant un large sourire et faisant le signe de la victoire avec les pouces.
Les survivants du carnage de Bali et autres proches venus assister aux débats se sont embrassés à l'annonce du verdict, certains émus jusqu'aux larmes. Bon nombre d'entre eux ont laissé libre cours à leur joie.
Amrozi avait été inculpé pour avoir organisé et réalisé des actes terroristes. Il avait reconnu sa participation aux attentats et estimé que les "blancs" méritaient de mourir, mais a assuré ne pas appartenir à Jemaah Islamiah, une organisation panasiatique extrémiste qui serait liée à Al Qaïda et est tenue responsable des attentats de Bali comme de celui qui a frappé le Marriott.
SATISFACTION EN AUSTRALIE
Ses avocats ont aussitôt annoncé leur intention de faire appel. "La première chose que nous allons faire, demain matin, est de faire appel", a déclaré à la presse Wirawan Adnan, l'un des avocats.
"Il est désolé pour ceux qui n'étaient pas les cibles. Il n'a, par exemple, rien personnellement contre les Australiens. Les cibles étaient les Américains et les Juifs", a plaidé Adnan.
Ainsi que d'autres accusés, Amrozi a suivi les enseignements d'Abu Bakar Bachir, un religieux soupçonné d'être le chef de Jemaah Islamiah, bien qu'il s'en défende, et dont le procès pour trahison a repris cette semaine. Jemaah Islamiah vise à créer un super-Etat islamique qui s'étendrait sur plusieurs pays d'Asie du Sud-Est.
Amrozi, qui est javanais, a dit au tribunal qu'il avait convoyé une camionnette de l'île de Java dans celle de Bali afin d'en faire un véhicule piégé. Mais son avocat a affirmé que la seule chose que l'on puisse prouver à son encontre est qu'il a transféré des substances chimiques à Bali.
Egalement en jugement, Imam Samudra, un des suspects-clés, qui a reconnu son implication dans les attentats de Bali mais nie avoir été le chef du commando sur le terrain. Son procès en est dans la phase finale et les procureurs ont requis, pour lui aussi, la peine de mort. Deux frères d'Amrozi sont en outre en jugement à Bali pour leur rôle dans les attentats.
En Australie, pays qui a déploré 88 tués dans l'attentat contre un night-club de Bali le 12 octobre, les survivants du carnage et leurs proches n'ont pas caché leur joie. "Justice a été rendue", a estimé Peter Hughes, qui garde des traces de brûlures de l'attentat.
"Il a détruit tant de vies! Je crois au principe 'oeil pour oeil'", renchérissait Daniel Mortensen, joueur d'une équipe de rugby, qui a perdu six de ses membres dans les attentats. En revanche, Brian Deegan, qui a perdu son fils Josh à Bali, n'approuve pas la peine de mort: "Je crois que cela va faire de lui un martyr", a-t-il dit à Reuters.
(Par Joanne Collins et Karima Anjani)