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Attentat sanglant de Bali: première condamnation à mort d'un islamiste

dépêche de presse du 7 août 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Indonésie
Thème :
DENPASAR (AFP) - Un militant islamiste indonésien, Amrozi, a été condamné à mort, jeudi, pour sa participation à l'attentat qui avait fait 202 morts en octobre 2002 dans le paradis touristique de Bali.
Ce premier verdict intervient deux jours après une attaque à la voiture piégée contre l'hôtel américain Marriott, en plein centre de Jakarta, qui a fait 10 morts et quelque 150 blessés.


Il illustre la volonté de l'Indonésie, premier pays musulman au monde par sa population, de lutter de front contre le réseau régional de la Jamaah Islamiyah (JI), accusé d'avoir perpétré les attentats de Bali et contre le Marriott, et fortement soupçonné d'être lié à al-Qaïda.

Surnommé le "terroriste souriant", Amrozi, un petit mécanicien de 41 ans, était notamment accusé d'avoir acheté le fourgon et une tonne de produits chimiques utilisés pour l'attentat.

Le 12 octobre 2002, une double explosion avait ravagé un restaurant et une discothèque bondés de Bali, "l'île des Dieux", principale destination touristique d'Indonésie.

L'attentat avait tué 202 personnes, en majorité des touristes étrangers, dont 88 Australiens.

Vêtu de blanc, portant une barbichette, Amrozi a accueilli le verdict le condamnant à mort avec un large sourire, en brandissant les poings, pouces levés. Dans les tribunes, des applaudissements des familles de victimes ont salué le verdict.

Amrozi, un petit villageois de l'Est de l'île de Java converti à l'islamisme radical, n'a manifesté aucun remords après l'attentat, se félicitant du grand nombre de "Bule" tués ("Blancs", en Indonésien).

Il avait déclaré vouloir "mourir en martyr" il y a une semaine, et a affirmé que des centaines de militants étaient prêts à suivre ses traces.

"La peine de mort pour lui sera peut-être pour nous un soulagement", a expliqué avant le verdict Brad Phillipps, qui a été blessé lors de l'attentat, et a perdu sept amis de son équipe de football australien.

Amrozi a maintenant sept jours pour faire appel, mais ses avocats ont indiqué qu'il ne souhaitait pas le faire. "Il veut que tout cela finisse", a dit l'un d'eux.

Amrozi pourrait toutefois passer des années dans le couloir de la mort avant d'être finalement exécuté.

Le tribunal de Denpasar a notamment estimé que l'attentat de Bali, le plus meurtrier depuis ceux du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, était un "crime contre l'humanité".

Aidés par la police australienne, les policiers indonésiens avaient rapidement remonté la piste des poseurs de bombes et ont arrêté une trentaine de suspects de l'attentat de Bali, mais d'autres membres du réseau sont toujours en fuite, et peuvent frapper de nouveau.

Les mesures de sécurité ont été renforcées à Jakarta dans la crainte d'attaques de représailles. L'Australie redoute notamment de nouveaux attentats en Indonésie.

L'attentat de Bali avait entraîné un changement radical d'attitude des autorités indonésiennes et de la présidente Megawati Sukarnoputri, accusées par les Etats-Unis et l'Australie de ne pas prendre au sérieux la réalité de la menace terroriste sur le sol de l'immense archipel de 212 millions d'habitants, dont près de 90% sont musulmans.

Jakarta a dû admettre que la Jamaah Islamiyah ("communauté islamique") existait bel et bien, et que ses principaux cadres étaient des Indonésiens.

Le chef présumé de la JI, le religieux musulman Abou Bakar Bachir, est jugé depuis plusieurs mois à Jakarta sous l'accusation d'avoir tenté de renverser le gouvernement et d'établir un Etat islamique. Il nie farouchement.

La JI veut établir un Etat islamique sur une partie de l'Asie du Sud-Est. Plus de 150 de ses militants présumés ont été arrêtés depuis 2001, et une série d'attentats en préparation contre des intérêts américains et occidentaux ont été déjoués dans l'île-Etat de Singapour et plus récemment en Thaïlande, où, à l'image de l'attaque de Bali, des islamistes projetaient notamment, selon les autorités, d'attaquer deux des principaux sites touristiques du pays.
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