BALI (AP) - Première condamnation après les attentats de Bali. Un tribunal indonésien a condamné à la peine capitale Amrozi bin Nurhasyim, militant présumé du Jemaah Islamiyah, reconnu coupable d'avoir participé aux attentats qui firent 202 morts le 12 octobre 2002 sur l'île touristique de Bali.
Deux jours après un autre attentat meurtrier à Djakarta, lui aussi lié au Jemaah Islamiyah, Amrozi a été reconnu coupable d'avoir préparé et aidé à l'exécution des attentats de Bali, les plus meurtriers depuis ceux du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. "L'accusé a été reconnu coupable d'avoir perpétré un acte de terrorisme", a dit le juge I Made Karna.
Après l'énoncé du verdict, Amrozi a retiré sa calotte islamique, levé les bras en direction de ses avocats et tendu les pouces vers le haut. Des centaines de personnes, dont des survivants des attentats ont applaudi à la lecture de la sentence. Amrozi leur a adressé un grand sourire à sa sortie du tribunal, auquel certains ont répondu par des cris de colère.
Ce mécanicien de 41 ans a été reconnu coupable d'avoir acheté la camionnette et les explosifs utilisés pour la fabrication des bombes qui ont tué plus de 200 personnes le 12 octobre dernier, dont 88 ressortissants australiens.
Le Premier ministre australien John Howard immédiatement a salué cette condamnation. "J'espère surtout que le verdict apportera un peu de réconfort à ceux qui ont perdu des êtres chers dans cette tragédie et qu'ils penseront en quelque sorte que justice a été rendue."
John Howard a précisé que le gouvernement australien, qui s'oppose normalement à la peine de mort, n'entreprendrait "aucune démarche auprès du gouvernement indonésien pour que cette peine ne soit pas appliquée". La loi indonésienne prévoit bien la peine capitale, mais en pratique, les condamnés sont rarement exécutés.
Les avocats d'Amrozi bin Nurhasyim ont annoncé leur intention de faire appel de cette condamnation, "non pas parce que nous croyons qu'il est innocent, mais parce qu'il n'a pas été traité correctement et qu'il n'a pas eu droit à un procès équitable", selon son défenseur, Me Wirawan Adnan. "Nous ne pensons pas qu'il mérite la peine de mort. Il n'était pas l'organisateur" de l'attentat.
Amrozi est le premier suspect à avoir été jugé, sur au moins une trentaine de ses complices présumés. Trois d'entre eux, dont Imam Samudra, considéré comme la tête pensante de ces attentats, comparaissent actuellement devant un tribunal de Denpasar, la capitale de l'île de Bali.
La condamnation d'Amrozi intervient deux jours après un autre attentat qui a fait au moins 10 morts et près de 150 blessés à l'hôtel Marriott de Djakarta. Ce nouvel attentat est lui aussi attribué au Jemaah Islamiyah, un groupe asiatique lié à Al-Qaïda: les terroristes ont utilisé un téléphone portable pour déclencher l'explosion de la voiture piégée, la même méthode que celle utilisée à Bali l'an dernier.