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Texas: à 13 jours de l'exécution, un condamné réclame toujours des tests ADN

dépêche de presse du 11 mars 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Texas
WASHINGTON - Un condamné à mort texan qui doit être exécuté dans 13 jours réclame encore à la justice que les tests ADN qui lui ont toujours été refusés soient enfin pratiqués pour prouver son innocence dans un triple meurtre en 1993, a-t-on appris jeudi auprès de son comité de soutien.

Henry "Hank" Skinner, 48 ans, a été condamné à la peine capitale pour les meurtres le soir du Nouvel An 1993 de sa compagne, battue à mort, et des deux fils de celle-ci, poignardés.

Il doit être exécuté par injection mortelle le 24 mars au Texas (sud des Etats-Unis).

Selon Richard Dieter, directeur du Centre d'informations sur la Peine de mort (DPIC), l'"accusation a présenté lors du procès les résultats de tests ADN partiels démontrant la présence de M. Skinner sur les lieux des crimes, c'est-à-dire son domicile, un fait qu'il n'a jamais nié".

"Mais le Texas continue de lui refuser de procéder à de nouveaux tests ADN, y compris sur des tissus que portaient la victime, systématiquement soumis à analyses dans ce type d'affaire et qui pourraient désigner un autre suspect", a-t-il déploré dans un communiqué.

M. Skinner, qui a toujours clamé son innocence, est depuis 10 ans soutenu par David Protess, professeur de journalisme à la Northwestern University, dont les élèves ont refait l'enquête et sont arrivés à la conclusion qu'il ne pouvait être coupable et que des tests ADN le disculperaient à coup sûr.

"Pas d'aveux, pas de témoin visuel des meurtres, pas de mobile apparent, pas de tendances violentes chez M. Skinner", énumérait M. Protess dans une lettre fin janvier au comité des grâces du Texas.

Mais au delà, "en plus de 20 ans d'enquête et de recherche de possibles erreurs judiciaires, j'ai rarement vu un dossier aussi peu solide et construit sur des preuves indirectes dans lequel l'accusé est effectivement coupable", avoue-t-il, en rappelant que le principal témoin a admis avoir menti au procès en affirmant que M. Skinner lui avait avoué les crimes.

Selon les analyses de sang qui ont été effectuées après les faits, le condamné était en effet sous l'effet de puissant anxiolytiques et anti-douleurs associé à une forte dose d'alcool au moment où les meurtres ont été commis, selon lui par quelqu'un d'autre alors qu'il était évanoui.

En revanche, un oncle de sa compagne au passé violent et qui avait harcelé sa nièce durant la fête de réveillon où elle s'était du coup rendue seule, laissant son compagnon endormi, "n'a jamais été interrogé", a ajouté le professeur.

Plusieurs recours ont été déposés devant différentes juridictions dans cette affaire, dont un devant la Cour suprême. La plus haute juridiction des Etats-Unis a estimé l'année dernière que les Etats américains qui ne le souhaitaient pas n'avaient pas obligation de procéder à des tests ADN dans une affaire qui a déjà été jugée.
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