GAZA - Les autorités relevant du mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza ont exécuté jeudi deux Palestiniens condamnés à mort pour collaboration avec Israël, malgré les protestations des associations de défense des droits de l'Homme.
C'est la première fois que le Hamas, qui a pris de force le pouvoir à Gaza en juin 2007 aux dépens du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, applique des peines capitales prononcées par la justice.
"Ce matin, la peine capitale prononcée contre les collaborateurs Mohammad Ibrahim Ismaïl (37 ans), originaire de Rafah, et Nasser Salameh Abou Freih, 34 ans, originaire de Jabaliya, a été appliquée", a annoncé le ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas sur son site internet.
"Ils ont été reconnus coupables de collaboration pendant des années avec l'occupant sioniste et d'avoir provoqué par conséquent la mort de nombreux combattants", a-t-il précisé.
Un tribunal "militaire" avait condamné à mort en février 2009 Abou Freih qui travaillait comme policier à Jabaliya. Ismaïl a quant à lui été condamné par le même tribunal à la peine capitale en novembre 2009.
Le chef de la justice du Hamas, Ahmad Atallah, a affirmé dans un communiqué que les deux condamnés avaient été exécutés après "que tous les recours contre leur condamnation aient été épuisés".
Selon Samir Zaqout, de l'organisation palestinienne de défense des droits de l'Homme Al Mezan, les deux hommes ont été fusillés et leurs corps transportés à l'hôpital al-Shifa à Gaza.
La police a interdit aux journalistes l'accès de l'hôpital.
Selon des ONG palestiniennes de défense des droits de l'Homme à Gaza, outre les deux exécutés environ 15 autres Palestiniens ont été condamnés à mort à Gaza ces deux dernières années pour collaboration avec Israël.
Les mêmes sources ont affirmé que la police du Hamas a autorisé mercredi les familles de l'ensemble des condamnés à mort à leur rendre visite.
Le 24 mars, le ministre de l'Intérieur du gouvernement Hamas, Fathi Hammad, avait annoncé la prochaine exécution de personnes reconnues coupables de collaboration avec Israël, "sans tenir compte" des objections des organisations des droits de l'Homme.
Si c'est la première fois que le Hamas applique des peines capitales prononcées par la justice, des groupes armés à Gaza avaient néanmoins pris l'initiative d'exécuter sommairement plusieurs personnes soupçonnées de collaboration avec Israël pendant et après l'offensive israélienne contre Gaza (27 décembre 2008 - 18 janvier 2009).
En 2009, l'ONG Human Rights Watch a accusé le Hamas d'avoir tué 32 opposants politiques et collaborateurs présumés et d'avoir "mutilé" des dizaines d'autres durant et après la guerre de Gaza.
D'autres organisations des droits de l'Homme ont dénoncé les exécutions extra-judiciaires et réclamé du Hamas qu'il stoppe les agressions contre les opposants.
Selon la loi palestinienne, les collaborateurs, les meurtriers et les trafiquants de drogue sont passibles de la peine de mort. L'application des sentences nécessite une approbation du président de l'Autorité palestinienne, mais le Hamas ne reconnaît pas la légitimité de M. Abbas.
Le mouvement Fatah de M. Abbas ne contrôle plus que la Cisjordanie après avoir été chassé par le Hamas de Gaza au terme de combats sanglants, après dix-huit mois de coexistence houleuse au pouvoir.
M. Abbas avait dans la foulée de ce coup de force démis de ses fonctions le gouvernement présidé par Ismaïl Haniyeh, un chef du Hamas, et formé un cabinet dirigé par Salam Fayyad.