NEW YORK (Reuters) - Le Maryland a franchi vendredi une nouvelle étape vers l'abolition de la peine de mort après l'adoption par la Chambre des délégués d'un projet de loi substituant à la peine capitale la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
Le texte, adopté une semaine plus tôt par le Sénat du Maryland, a été voté par 82 voix contre 56.
Il revient à présent au gouverneur Martin O'Malley de promulguer cette loi, à même de faire du Maryland le 18e Etat des Etats-Unis à renoncer à la peine de mort.
Cinq condamnés attendent actuellement dans le "couloir de la mort" au Maryland.
"Aujourd'hui, l'assemblée générale du Maryland a voté pour retirer le Maryland de la liste des autres endroits dans le monde -comme l'Irak, l'Iran ou la Syrie- qui pratiquent toujours des exécutions publiques", a souligné le gouverneur démocrate de l'Etat.
Les deux chambres du parlement local sont également dominées par des élus démocrates.
C'est la deuxième fois que le gouverneur O'Malley tentait, depuis 2009, d'abolir la peine de mort. En soumettant en janvier son deuxième projet de loi, il expliquait que la peine de mort coûte cher et qu'elle n'est pas productive.
"Année après année, les Etats qui pratiquent la peine de mort ont dans les faits un taux d'homicides plus élevé que les Etats qui ne pratiquent pas la peine de mort", a-t-il souligné.
Le gouverneur s'est également appuyé sur une étude menée en 2008 par la commission locale sur la peine capitale, qui a déterminé que les condamnations à mort étaient ethniquement biaisées (sur les cinq détenus actuellement condamnés à mort dans le Maryland, quatre appartiennent à la communauté afro-américaine et leurs victimes étaient des blancs).
Des opposants à l'abolition ont estimé que les élus du Maryland avaient commis une "erreur épouvantable", selon l'expression de la déléguée républicaine Gail Bates. "Je suis absolument convaincue que nous devons garder (la peine de mort) dans notre code pénal à des fins de dissuasion", a-t-elle ajouté à l'issue du vote.
Au cours du débat parlementaire, une autre élue républicaine, Kathy Afzali, a tenté de faire adopter un amendement maintenant la peine de mort pour certains crimes extrêmes, comme les tueries de masse dans des écoles notamment.
Son amendement a été rejeté mercredi.
Depuis que le Maryland a rétabli la peine de mort, en 1978, 58 accusés ont été condamnés mais cinq seulement ont été exécutés, selon Jane Henderson, directrice de l'ONG abolitionniste Maryland Citizens Against State Executions.
La dernière exécution remonte à 2005.
(Reuters : Lacey Johnson; Henri-Pierre André pour le service français)