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Pakistan: les députés approuvent l'instauration de tribunaux militaires antiterroristes

dépêche de presse du 6 janvier 2015 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
Thème :
Islamabad - Les parlementaires pakistanais ont approuvé mardi la création de tribunaux militaires pour accélérer les procédures dans les affaires de terrorisme en réponse à l'attaque la plus meurtrière de l'histoire du pays, perpétrée à la mi-décembre par un commando taliban dans une école de Peshawar.

Cette attaque, qui a fait 150 morts dont une majorité d'écoliers, a profondément choqué la population du Pakistan, géant musulman de près de 200 millions d'habitants, miné depuis huit ans par les attaques à répétition des talibans locaux contre le pouvoir d'Islamabad qu'ils accusent de soutenir la guerre américaine contre le terrorisme.

A la suite de cette attaque, l'armée a intensifié ses raids contre des refuges talibans du nord-ouest du pays, près de la frontière afghane. Le gouvernement a par ailleurs levé son moratoire, en vigueur depuis 2008, sur la peine de mort dans les cas de terrorisme. Cette décision a été critiquée par plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme et par l'Union européenne.

Le Premier ministre Nawaz Sharif avait aussi annoncé son intention d'amender la constitution afin de créer, pour une période de deux ans, des tribunaux militaires afin de de juger des civils pour des actes de terrorisme perpétrés par des groupes figurant sur la liste locale des organisations terroristes ou qui utilisent la religion pour revendiquer des violences.

Une soixantaine de groupes, incluant les rebelles sécessionnistes de la province gazière du Baloutchistan (sud-ouest), figurent sur la liste pakistanaises des organisations terroristes.

Tout changement constitutionnel au Pakistan exige un vote des deux tiers de l'Assemblée nationale, soit au moins 228 des 342 députés. Mardi, 247 députés ont voté en faveur du 21e amendement à la constitution qui autorise la création de ces tribunaux antiterroristes.

Il s'agit d'un jour important pour le Pakistan, car la population a décidé de purger le pays du terrorisme et des terroristes... Des milliers de personnes ont été tuées dans des actes de terrorisme qui ont aussi miné notre économie, a déclaré à l'Assemblée nationale le Premier ministre au terme du vote des députés.

Les élus du Parti de la Justice (PTI) de l'ex-gloire du cricket Imran Khan ne se sont pas présentés en chambre, alors que les deux grands partis islamistes du pays, la Jamaat-e-Islami et la Jamaat Ulema-e-Islam du mollah Fazlur Rehman (JUI-F), se sont abstenus lors du vote.

Pourquoi l'incident de Peshawar est-il utilisé contre les partis religieux et les forces religieuses du pays, s'est offusqué Fazlur Rehman, dont le parti est historiquement proche de certains talibans. L'histoire du 11-Septembre. Après le 11-Septembre, ce sont les musulmans qui ont été visés (par les Etats-Unis, ndlr), aujourd'hui, ce sont les musulmans qui sont visés par un amendement constitutionnel, a-t-il déclaré.

Outre les partis islamistes, certains progressistes ont critiqué la création de ces tribunaux, le grand quotidien Dawn évoquant ce weekend dans un éditorial une journée triste pour le pays.

Oui, nous avons besoin d'une stratégie cohérente pour combattre les insurgés, que les chefs politiques et militaires travaillent ensemble. Mais les tribunaux militaires ne sont pas la solution, souligne le journal, qui voit dans cet amendement la preuve de la préséance de l'armée sur le politique, voire une traîtrise envers la démocratie, dans un pays dirigé pendant trois décennies par les militaires depuis sa création en 1947.

Alors que les députés approuvaient la création de ces tribunaux, l'Institut pakistanais pour les études sur la paix (PIPS), un centre de recherche indépendant, publiait son rapport annuel sur les attaques terroristes au pays.

Le PIPS fait état d'une baisse de 30% des violences en 2014, avec tout de même 1.206 attaques, dont 731 par différentes factions talibanes, un recul attribué en partie à la vaste opération militaire lancée par l'armée dans les fiefs insurgés du nord-ouest, près de la frontière afghane.
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