(Agence France-Presse) Le Pakistan a pendu au moins 19 condamnés à mort en deux jours, portant à près de 100 le nombre d'exécutions dans le pays depuis la levée du moratoire sur la peine capitale en décembre, ont annoncé mercredi les autorités.
Mardi, au dernier jour de la visite à Islamabad du président chinois Xi Jinping, les autorités carcérales ont pendu quinze condamnés à mort au total dans les provinces du Penjab (est) et du Baloutchistan (sud-ouest), pire bilan en une seule journée depuis la reprise des exécutions en décembre.
Mercredi, quatre autres condamnés à mort ont été pendus au Penjab, a déclaré à l'AFP le chef des services carcéraux de la province, Farooq Nazir, sans préciser l'identité des personnes exécutées, portant ainsi à au moins 19 le nombre de pendaison en deux jours et à 99 depuis décembre selon le bilan de l'ONG Justice Project Pakistan (JPP).
Dans la foulée du raid taliban contre une école de Peshawar (nord-ouest), attaque la plus sanglante de l'histoire du pays, fatale à 154 personnes, le Pakistan avait levé partiellement, pour les seuls cas de terrorisme, son moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2008.
Puis, début mars, les autorités avaient levé complètement le moratoire et accéléré les exécutions au grand dam d'organisations de défense des droits de l'Homme, de l'ONU et de l'Union européenne (UE) qui exhortent Islamabad à rétablir le moratoire.
Le Pakistan avait d'ailleurs obtenu l'an dernier de l'UE le statut «GSP» qui exempte de taxes ses exportations de textile, ce qui lui a permis d'augmenter d'un milliard de dollars ses ventes en Europe, en s'engageant entre autres à maintenir son moratoire sur la peine de mort.
Après le carnage de Peshawar, le gouvernement avait aussi approuvé la création de nouveaux tribunaux antiterroristes gérés par la puissante armée. Ces tribunaux, dont le fonctionnement demeure opaque, ont déjà condamné à mort six rebelles islamistes présumés.
Mais la Cour suprême a suspendu la semaine dernière leur exécution à la suite d'une requête d'une association d'avocats contestant la constitutionnalité de ces tribunaux militaires.