La justice américaine ne va pas demander la peine de mort contre un Libyen accusé d'avoir participé à l'attaque de la mission américaine de Benghazi en Libye (nord-est) en 2012, qui avait fait 4 morts dont l'ambassadeur des Etats-Unis.
Ahmed Abu Khattala, arrêté en Libye en juin 2014 lors d'un raid des forces américaines et emmené par bateau aux Etats-Unis, fait face à 18 chefs d'accusation.
Ses avocats ont cherché en vain à faire annuler cette affaire et à obtenir son retour en Libye. Ils ont aussi demandé que la peine de mort ne figure pas dans les sanctions envisagées contre M. Khattala.
"Les Etats-Unis d'Amérique (...) font savoir par la présente que le gouvernement ne cherchera pas à imposer la peine de mort si le suspect est reconnu coupable de crimes" passibles de cette peine, a affirmé le procureur Channing Phillips, dans un document déposé au tribunal fédéral de Washington.
La ministre de la Justice Loretta Lynch a pris cette décision après consultation des procureurs, a expliqué une porte-parole du département de la Justice, Emily Pierce. Cependant "le ministère s'est engagé à s'assurer que le suspect rende des comptes", a-t-elle précisé dans un communiqué.
M. Khattala est désormais passible, s'il est reconnu coupable, d'un emprisonnement à vie.
"Nous pensons que c'est la bonne décision et nous sommes heureux que la ministre de la Justice ait pris cette décision sur le fond, sans considérations politiques", a déclaré à l'AFP son avocat Eric Lewis. "Il s'agit d'un développement très important mais nous allons nous battre vigoureusement sur le fond de l'affaire", a-t-il ajouté.
M. Khatalla, qui a plaidé non coupable, est inculpé de meurtre d'une personne protégée au niveau international --en l'occurrence l'ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens--, de soutien matériel à des terroristes et de destruction d'une propriété américaine.
Ahmed Abu Khattala serait l'un des dirigeants présumés du groupe rebelle libyen Ansar al-Charia, soupçonné d'avoir pris d'assaut le complexe diplomatique américain et de l'avoir incendié.
Cet attentat avait déclenché une tempête politique aux Etats-Unis, alimentée par l'opposition républicaine contre l'administration démocrate de Barack Obama, alors en pleine campagne de réélection, et la chef de la diplomatie Hillary Clinton. Le département d'Etat avait ensuite reconnu des manquements en matière de sécurité.
Au cours de leur enquête, les parlementaires ont découvert que Mme Clinton, aujourd'hui candidate à la présidence, avait utilisé une messagerie privée à des fins professionnelles lorsqu'elle pilotait le département d'Etat. Cette affaire est devenue l'un des angles d'attaque privilégiés de ses adversaires républicains dans la course à la Maison Blanche, qui l'accusent d'avoir mis en danger la sécurité des Etats-Unis et de leurs ressortissants dans le monde.