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Pakistan: feu vert à l'exécution du meurtrier d'un critique de la loi sur le blasphème

dépêche de presse du 7 octobre 2015 - Belga - Agence Télégraphique Belge de Presse
Pays :
peine de mort / Pakistan
Thème :
La Cour suprême du Pakistan a donné son feu vert mercredi à l'exécution de Mumtaz Qadri, assassin d'un homme politique favorable à une révision de la loi controversée sur le blasphème, dans un verdict considéré comme une "victoire" contre l'extrémisme religieux.

Mumtaz Qadri avait abattu en 2011 Salman Taseer, gouverneur de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, car ce dernier avait apporté son soutien à Asia Bibi, une chrétienne accusée de blasphème, et s'était déclaré favorable à une révision de la loi sur ce sujet, défendue bec et ongles par les cercles islamistes au pays.

Policier affecté à la protection de M. Taseer, Qadri avait avoué l'avoir criblé de 28 balles dans le centre de la capitale Islamabad, geste pour lequel il a été qualifié de "héros" par des islamistes et des avocats, qui l'avaient même couvert de pétales de roses à sa première arrivée au tribunal.

Ce geste, qui a pétrifié une classe politique locale déjà très frileuse sur toute controverse impliquant l'islam, religion d'Etat, avait valu à Mumtaz Qadri d'être condamné à la peine capitale pour meurtre et terrorisme.

Mais en mars, un tribunal avait annulé sa peine pour terrorisme et ainsi reporté sine die son exécution, les autorités limitant à cette époque les exécutions aux seuls condamnés pour terrorisme. Et l'affaire avait aussitôt été portée devant le plus haut tribunal au pays.

Or mercredi la Cour suprême a "rétabli le verdict de culpabilité et la sentence" décidée par un tribunal de première instance, a déclaré le juge Asif Saeed Khosa, lors d'une audience.

S'il veut éviter l'échafaud, Mumtaz Qadri a désormais deux options: interjeter appel ou invoquer la grâce présidentielle. "Ce verdict de culpabilité pour terrorisme signifie aussi que l'Etat devient partie contre lui", a précisé Muhammad Amir, un avocat présent à l'audience.

Depuis la reprise des exécutions au Pakistan, décidée dans la foulée du raid taliban contre une école de Peshawar en décembre dernier, plus de 200 condamnés à mort ont été pendus. Le président Mamnoon Hussain a quant à lui rejeté toutes les demandes de grâce qui lui ont été adressées.

La confirmation de l'exécution de Mumtaz Qadri a été saluée mercredi dans certains cercles libéraux qui y voient une preuve d'un changement de cap des autorités, longtemps accusées de faire la part belle aux islamistes.

"La justice... enfin", s'est félicitée sur Twitter la veuve du défunt gouverneur du Pendjab, Aamna Taseer.

"Avec cette décision, le système judiciaire est parvenu à l'âge de raison", a commenté Abbas Nasir, ex-éditeur du quotidien Dawn, l'un des plus importants dans ce pays musulman de près de 200 millions d'habitants dont les autorités ont lancé, après le massacre de Peshawar, une campagne contre des extrémistes jadis tolérés et écroué des leaders religieux reconnus coupables d'incitation à la haine.

Au Pakistan, la loi sur le blasphème prévoit jusqu'à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'offense à l'islam ce qui n'était pas le cas du gouverneur Salman Taseer.

Aussi, des extrémistes et des foules ont déjà lynché des personnes soupçonnées d'insultes à l'islam sans attendre le verdict de la justice.
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