Des islamistes radicaux ont annoncé mercredi des manifestations et ont menacé les juges de la Cour suprême du Pakistan s'ils acquittaient en appel la chrétienne Asia Bibi, la plus connue des condamnés à mort pour blasphème dans ce pays.
Si elle devait être libérée, "les musulmans pakistanais prendront les mesures adéquates face aux juges (...) et les conduiront à une fin horrible", ont déclaré des responsables du Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), un groupe religieux islamiste radical devenu parti politique, qui fait de la punition du blasphème sa raison d'être. "Les adorateurs du Prophète ne reculeront face à aucun sacrifice", ont-ils menacé.
Le TLP, qui s'est créé pour protester contre la pendaison en 2016 d'un garde du corps qui avait tué le gouverneur du Pendjab Salman Taseer, qu'il protégeait, parce que celui-ci avait pris la défense d'Asia Bibi, a annoncé des manifestations massives vendredi sous le mot d'ordre: "Pendez Asia aujourd'hui".
Le TLP, qui a recueilli plus de 2,2 millions de voix aux dernières élections, avait réussi à bloquer Islamabad pendant trois semaines en novembre. Il exigeait alors le retrait d'un amendement qui remettait selon lui en cause la loi sur le blasphème. Des affrontements avec la police avaient fait plusieurs morts.
Un ancien porte-parole de la Mosquée rouge d'Islamabad, à la réputation sulfureuse, a de son côté esté en justice pour qu'Asia Bibi soit interdite de quitter le territoire national.
"Les forces occidentales essaient de sortir Asia Bibi du pays mais elle devrait être pendue", a affirmé Hafiz Ihtesham Ahmed à l'AFP.
La Cour suprême pakistanaise, qui s'est penchée lundi sur un recours déposé par Asia Bibi contre son exécution, a déclaré différer son jugement à une date inconnue, demandant aux médias de ne faire aucun commentaire sur cette affaire explosive.
Asia Bibi, mère de cinq enfants, avait été condamnée en 2010 à la peine capitale suite à une dispute avec une musulmane au sujet d'un verre d'eau, suscitant l'indignation à l'étranger.
Son cas avait eu un retentissement international, attirant l'attention des papes Benoît XVI et François.
Le blasphème est un sujet extrêmement sensible au Pakistan, où l'islam est religion d'Etat. La loi prévoit jusqu'à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'offense à l'islam.
De simples allégations se terminent régulièrement par des lynchages aux mains de la foule ou d'extrémistes. Les chrétiens, minorité persécutée, sont fréquemment visés.