Des dizaines de détenus observent depuis une semaine en Syrie une grève de la faim dans une prison de la province centrale de Hama, pour protester contre des condamnations à la peine capitale, ont indiqué lundi une ONG et deux prisonniers contactés par l'AFP.
La prison de Hama accueille des centaines de détenus, dont la grande majorité ont été interpellés lors de manifestations pro-démocratie de 2011 ou de violences qui accompagnent le conflit, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La grève a été entamée le 12 novembre pour protester contre la condamnation à mort de 11 détenus et une décision des autorités de les transférer vers la prison de Saydnaya, près de Damas, selon deux prisonniers et l'OSDH.
Amnesty International avait qualifié en 2017 la prison de Saydnaya "d'abattoir", en raison des pendaisons de masse qui s'y déroulaient selon l'ONG.
Les 11 peines de mort ont été prononcées par le "tribunal militaire opérationnel". Amnesty a dénoncé une procédure "si sommaire et arbitraire qu'il est impossible de la considérer comme une procédure judiciaire".
"Nous avons débuté la grève de la faim pour protester contre les condamnations à mort de 11 détenus" et leur transfert vers Saydnaya, a indiqué un prisonnier s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Il a été contacté par l'AFP via un téléphone portable qu'il a réussi à introduire dans l'établissement pénitencier.
Une vidéo partagée par des militants sur les réseaux sociaux montre des détenus brandissant plusieurs pancartes sur lesquelles on peut lire "amnistie générale", "main dans la main pour faire cesser les exécutions et les peines arbitraires".
"La grève de la faim est un rappel brutal des procédures judiciaires défaillantes en Syrie (...) et l'injustice des verdicts prononcés", a estimé sur son site l'organisation Human Rights Watch (HRW).
La prison de Hama, la plus grande prison civile du pays, a déjà connu des mutineries, notamment à deux reprises en 2016. Son directeur et le chef de police de la ville de Hama avaient été pris en otage par les détenus qui voulaient être libérés.
Les autorités avaient alors accepté de relâcher progressivement des détenus ou de réduire leur peine. L'accord avait été globalement respectée ces deux dernières années.
Grâce aux téléphones portables en leur possession, les détenus communiquent avec le monde extérieur.
"Ca leur a permis de faire pression sur le régime plus facilement", estime le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, évoquant également des liens étroits avec certains groupes rebelles qui ont pu négocier des échanges de prisonniers avec le régime.
Le conflit en Syrie a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.