L'Iran a exécuté samedi un homme d'affaires surnommé "le Sultan du bitume", accusé de fraude, corruption et trafic à grande échelle de produits pétroliers, a indiqué l'agence Mizan, spécialisée dans les affaires judiciaires.
Hamidreza Bagheri Dermani est le troisième homme d'affaires exécuté depuis qu'une campagne anticorruption a été lancée cet été en Iran.
Il a été reconnu coupable de "corruption sur terre" --le plus grave chef d'accusation dans ce pays-- pour une escroquerie de dix billions de rials (87,5 millions d'euros au taux actuel) réalisée grâce à "la fraude, la contrefaçon et la corruption", a rapporté Mizan.
Arrêté en août 2014, M. Dermani a falsifié des dizaines de documents immobiliers pour pouvoir contracter des emprunts, selon l'agence en ligne.
D'après la justice, il a reçu l'aide de l'ancien gouverneur de la Banque centrale Mahmoud Reza Khavari, condamné par contumace l'année dernière après sa fuite au Canada, sur fond d'un autre scandale de détournement de fonds.
M. Dermani a en outre utilisé des sociétés écrans pour se procurer plus de 300.000 tonnes de bitume --un mélange d'hydrocarbures utilisé notamment dans la production d'asphalte-- et l'un des marchés les plus porteurs en Iran, a indiqué Mizan.
Il a aussi été accusé d'être en relation avec Babak Morteza Zanjani, un magnat des affaires condamné en 2016 pour avoir détourné 2,7 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) et qui doit également être exécuté.
La télévision publique iranienne a présenté samedi la nouvelle de l'exécution de l'homme d'affaires avec une bande son digne d'un film d'action et un documentaire complet sur ces crimes.
Les images diffusées montrent des documents affirmant que la journaliste et militante pour les droits de la Femme Hengameh Shahidi, condamnée début décembre à plus de 12 ans de prison d'après des chefs d'accusation indéterminés, a essayé de payer la caution de M. Dermani l'année dernière.
L'Iran a souffert d'un net ralentissement économique cette année, à la suite notamment du retrait en mai des États-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015 et du rétablissement de sanctions unilatérales contre Téhéran.
Les autorités veillent à mettre en avant la répression engagée contre ceux qu'elles accusent d'exploiter les pénuries et les fluctuations de la monnaie et des cours de l'or.
L'Iran ne publie pas de statistiques officielles sur les exécutions judiciaires. Mais selon un rapport publié en avril par Amnesty International, il figurait en 2017 au deuxième rang des pays ayant le plus appliqué la peine capitale, derrière la Chine avec plus de 500 personnes exécutées.