Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué samedi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi après l'exécution cette semaine de neuf condamnés à mort en Egypte, indiquant qu'il refusait de s'entretenir avec "quelqu'un comme" lui.
"Dernièrement, ils ont tué neuf jeunes gens. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut accepter", a déclaré M. Erdogan lors d'un entretien aux chaînes de télévision turques CNN-Türk et Kanal D, en référence à l'exécution mercredi de neuf hommes condamnés pour l'assassinat du procureur général égyptien en 2015. "Bien sûr, on va nous dire que c'est une décision de la justice. Mais là-bas, la justice, les élections, tout cela, c'est des bobards. Il y a là-bas un système autoritaire, voire totalitaire", a ajouté M. Erdogan. "Maintenant, je réponds à ceux qui se demandent pourquoi Tayyip Erdogan ne parle pas à Sissi, parce qu'il y a des médiateurs qui viennent parfois ici. Moi, jamais je ne m'entretiendrai avec quelqu'un comme lui", a-t-il dit.
Les relations entre la Turquie et l'Egypte sont quasi inexistantes depuis la destitution en 2013 du président Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans et allié de M. Erdogan, par l'armée égyptienne alors dirigée par le général al-Sissi. M. Erdogan, qui qualifie l'actuel président égyptien de "putschiste", dresse parfois un parallèle entre le renversement de M. Morsi et la tentative de putsch qui l'a visé en juillet 2016.
Samedi, le président turc a par ailleurs appelé à la libération des prisonniers issus des rangs des Frères musulmans en Egypte. "Avant toute chose, il faudrait qu'il libère toutes ces personnes emprisonnées avec une amnistie générale. Tant que ces personnes n'auront pas été libérées, nous ne pourrons pas discuter avec Sissi", a-t-il déclaré.
Le chef de l'Etat turc s'en est également pris aux pays occidentaux qui, selon lui, "déroulent le tapis rouge" au président égyptien et ferment les yeux sur les dernières exécutions en Egypte. "Où sont les Occidentaux ? Vous avez entendu le son de leur voix ?", a déploré M. Erdogan. "En revanche, quand il s'agit de gens emprisonnés chez nous (en Turquie), ils poussent des cris d'orfraie".