(Agence France-Presse) Bagdad - L'Irak a proposé aux pays membres de la coalition internationale antidjihadistes de juger leurs ressortissants soupçonnés d'avoir rejoint le groupe État islamique (EI) en échange d'au moins deux milliards de dollars US.
La question du retour dans leurs pays d'origine d'un millier de djihadistes actuellement aux mains des forces kurdes de Syrie est très sensible pour les opinions publiques.
Paris, par exemple, n'a pas jusqu'ici mis en oeuvre le plan de rapatriement des djihadistes français de Syrie et de leurs familles, révélé par la presse et que le gouvernement a présenté comme une «hypothèse» de travail.
Bagdad a proposé une autre «option», indique un responsable gouvernemental sous le couvert de l'anonymat : juger en Irak ces étrangers «en échange de deux milliards de dollars», soit environ 2,7 milliards $ CAN.
Bagdad se réserve le droit de réclamer ensuite «plus d'argent pour couvrir les frais engendrés par leur détention», ajoute-t-il.
L'Irak a déjà condamné à mort ou à la prison à perpétuité plusieurs centaines d'étrangers.
Et ce pays s'apprête à juger prochainement 12 Français transférés de Syrie, estimant avoir compétence sur eux puisque le territoire de l'EI s'étendait à son apogée à cheval sur la Syrie et l'Irak.
Pour détenir et juger sur son sol les djihadistes étrangers, l'Irak a calculé «les coûts opérationnels» en se basant sur le précédent de la prison américaine de Guantanamo à Cuba, explique un autre responsable, également sous le couvert de l'anonymat.
Les pays d'origine de ces djihadistes présumés «ont un problème, nous avons une solution», ajoute-t-il. «Nous avons fait cette proposition la semaine dernière et nous n'avons pas eu de réponse jusqu'ici».
Il a précisé que ces djihadistes venaient de «52 pays», la majorité membres de la coalition, affirme un troisième responsable.
De ces négociations pourrait naître un «tribunal spécial», ajoute le dernier responsable irakien, également sous le couvert de l'anonymat.
Cette option se heurte toutefois à la question de la peine de mort, refusée par l'Union européenne, dont des dizaines de ressortissants sont actuellement détenus par les Kurdes de Syrie, pointe-t-il du doigt.