(Agence France-Presse) Dubaï - Amnistie internationale a dénoncé mercredi la détention prolongée de dix journalistes yéménites, aux mains des rebelles Houthis, y voyant « un triste indicateur sur l'état déplorable de la liberté de la presse » dans ce pays en guerre.
Selon l'organisation, les dix journalistes sont détenus depuis l'été 2015 et sont poursuivis pour espionnage, alors qu'ils n'ont fait qu'« exercer pacifiquement leur droit à la liberté d'expression ».
« Au cours de leur détention, ces hommes ont été mis au secret de façon intermittente, privés d'accès aux soins médicaux et subi des tortures et autres mauvais traitements », a ajouté Amnistie dans un communiqué.
C'est « un rappel choquant du climat répressif auquel sont confrontés les journalistes au Yémen » et cela « illustre les risques auxquels ils sont exposés par toutes les parties en conflit », a déclaré Rasha Mohamed, chercheuse d'Amnistie pour le Yémen.
« Ces hommes sont punis pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d'expression. (Les Houthis) doivent les libérer immédiatement et abandonner toutes les charges retenues contre eux », a-t-elle ajouté.
Plus de trois ans après leur détention, en décembre 2018, les journalistes ont été déférés devant un tribunal spécialisé dans les affaires de « terrorisme ».
Certains ont été inculpés d'espionnage au profit de la coalition militaire anti-rebelles menée par l'Arabie saoudite et risquent la peine de mort, selon Amnistie.
Certains travaillaient pour des organes d'information en ligne affiliés à al-Islah, un parti islamiste sunnite opposé aux rebelles chiites.
Les Houthis, appuyés par l'Iran, contrôlent la capitale Sanaa et une bonne partie du nord du Yémen depuis fin 2014. Ils sont en guerre contre le camp gouvernemental soutenu par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Huit journalistes ont été tués en 2018 au Yémen, selon Reporters sans frontières (RSF).
Le conflit au Yémen, qui dure depuis plus de quatre ans, a fait des dizaines de milliers de morts, dont des milliers de civils, selon des organisations humanitaires.
Plus de 3,6 millions de personnes ont été déplacées depuis 2015 et 24,1 millions ont besoin d'assistance, selon l'ONU qui évoque régulièrement la pire crise humanitaire en cours dans le monde.