Colombo, 5 juil 2019 (AFP) - - La Cour suprême du Sri Lanka a suspendu vendredi la reprise des exécutions capitales, voulue par le président pour lutter contre le trafic de drogues, attendant de se prononcer sur leur constitutionnalité.
La plus haute instance judiciaire de l'île d'Asie du Sud a décrété qu'aucune exécution ne devrait avoir lieu jusqu'à ce qu'elle ait statué sur un recours s'opposant à la remise en vigueur de la peine de mort, qui mettrait fin à 43 ans de moratoire.
"La Cour entendra le dossier le 29 octobre et entretemps il a été demandé au département pénitentiaire de n'appliquer aucun ordre du président de procéder à des exécutions", a déclaré une source judiciaire.
Inspiré par les Philippines de Rodrigo Duterte, le président Maithripala Sirisena voit la peine de mort comme une dissuasion au trafic de stupéfiants, provoquant l'inquiétude des défenseurs des droits humains et de la communauté internationale.
Il a signé la semaine dernière l'ordre d'exécution de quatre trafiquants de drogue condamnés à mort et avait dit escompter que la mesure serait appliquée "très bientôt".
Pour M.A. Sumanthiran, un parlementaire sri-lankais et avocat représentant un condamné à la peine capitale, la mort par pendaison constitue un "châtiment cruel et dégradant" et contrevient aux droits fondamentaux de l'individu.
"C'est sur cette base que nous demandons à la justice d'établir que l'exécution de la peine capitale est une violation de la Constitution", a-t-il déclaré.
Plusieurs autres recours judiciaires contre le retour de la peine de mort ont été déposés devant les tribunaux.
Le Sri Lanka n'a pendu aucun prisonnier depuis 1976. Des criminels y sont régulièrement condamnés à la peine capitale pour meurtre, viol ou crimes liés à la drogue, mais leur peine est commuée en prison à vie.
Le dernier bourreau du Sri Lanka ayant pris sa retraite en 2014, les autorités viennent de nommer deux hommes pour le remplacer mais ont gardé leurs noms secrets par mesure de sécurité, selon des sources pénitentiaires.
Les deux hommes ne se sont pas encore vu assigner de travail, a rapporté la presse locale.
D'après la présidence, le Sri Lanka compte 200.000 toxicomanes et 60% de ses 24.000 prisonniers le sont pour des condamnations liées à la drogue.