Un opposant iranien, en exil plusieurs années en France puis arrêté en Iran, a été accusé lundi à l'ouverture de son procès à Téhéran de "corruption sur la terre", passible de la peine de mort selon le site internet des autorités judiciaires.
Le procès de Rouhollah Zam, 41 ans, dont les Gardiens de la Révolution avaient annoncé l'arrestation en octobre, s'est ouvert en sa présence à Téhéran "à huis clos et en l'absence des médias", a de son côté précisé l'agence semi-officielle Fars. M. Zam, qui disposait du statut de réfugié en France, a dirigé un canal sur la plateforme de messagerie cryptée Telegram, intitulé Amadnews et accusé par Téhéran d'avoir joué un rôle actif dans la contestation de l'hiver 2017-2018.
A la demande des autorités iraniennes, Telegram avait accepté de fermer Amadnews - qui comptait alors près de 1,4 million d'abonnés - en reprochant à ce canal d'avoir incité à la "violence".
Lors de l'audience, l'acte, comprenant "15 chefs d'accusation", a été lu par le représentant du procureur, ajoute Fars, proche des ultraconservateurs. Selon cet acte d'accusation publié sur le site des autorités judiciaires du pays (Mizan), l'opposant est accusé de "corruption sur la terre", crime passible de la peine capitale. Il est soupçonné d'avoir notamment "commis des délits contre la sécurité intérieure et extérieure du pays" et d'"espionnage au profit du service de renseignement français". Il est en outre accusé d'avoir insulté "le caractère sacré de l'islam".
L'arrestation de M. Zam avait été annoncée en octobre par les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique, qui n'avaient précisé ni le lieu ni la date des faits, l'accusant d'être "dirigé par le renseignement français et soutenu par ceux de l'Amérique et du régime sioniste" (Israël, NDLR).
La télévision d'Etat iranienne a également annoncé lundi la diffusion dans la soirée d'un "documentaire" au sujet des "relations de Rouhollah Zam".
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International appelle régulièrement les autorités iraniennes à cesser la diffusion d'"aveux télévisés" de suspects jugeant que ces méthodes "violent les droits de la défense".