L'Autorité judiciaire iranienne a annoncé mardi la confirmation de la peine de mort pour trois personnes impliquées dans les manifestations de novembre 2019 déclenchées par une hausse du prix de l'essence.
La peine capitale "a été confirmée par la Cour suprême après un appel des accusés et de leurs avocats", a indiqué le porte-parole du système judiciaire Gholamhossein Esmaïli, cité par Mizan Online, le site officiel de la justice, sans dévoiler l'identité des trois personnes ni dire quand avait eu lieu la première condamnation. Il a déclaré que deux d'entre eux avaient été arrêtés lors d'un "vol à main armée" et que des preuves avaient été recueillies sur leurs téléphones montrant qu'ils avaient mis le feu à des banques, des bâtiments publics et des autobus lors des manifestations.
Un mouvement de contestation avait éclaté le 15 novembre dès l'annonce d'une forte hausse du prix de l'essence, en pleine crise économique, et avait touché une centaine de villes. Des postes de police avaient été attaqués, des magasins pillés et des banques et des stations-service incendiées, et les autorités avaient imposé une coupure d'internet d'une semaine. "Ils ont filmé tout cela (...) et l'ont envoyé à des agences de presse étrangères", a déclaré M. Esmaïli, selon un extrait de ses propos retransmis par la télévision d'État. "C'est ainsi qu'il a été déterminé que ces voleurs armés sont les voyous qui ont commis ces crimes lors des émeutes. Ils ont eux-mêmes fourni les meilleures preuves", a-t-il ajouté.
Il n'a pas dit quand le verdict avait été rendu mais dans une interview publiée samedi par le journal réformateur Charq, l'avocat des accusés avait condamné ce jugement, affirmant que la défense n'avait pas eu accès à leurs dossiers. Selon maître Mostafa Nili, ces trois personnes étaient présentes aux manifestations de novembre "car leur vie avait été affectée par le prix élevé de l'essence".
D'après Charq, les trois condamnés sont Amirhossein Moradi, 26 ans, vendeur de téléphones portables, Saïd Tamdjidi, 28 ans, étudiant, et Mohammad Radjabi, également 26 ans.
Selon M. Nili, la défense va réclamer un nouveau procès, soulignant que les jeunes hommes "insistent sur le fait qu'ils n'ont commis aucun acte de sabotage, ni incendie ou émeute" et qu'il n'existe "aucun document" prouvant des méfaits, en dehors de leurs "propres aveux" sur lesquels ils sont déjà revenus lors du procès.
Selon Washington, la répression des manifestations de novembre a fait plus de 1.000 morts alors qu'un groupe d'experts indépendants travaillant pour le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a estimé que le bilan pourrait être supérieur à 400 morts (dont 12 enfants).
Les autorités iraniennes ont elles parlé de 230 personnes tuées dans ces émeutes.