L'Irak, l'un des pays ordonnant le plus de peines de mort au monde, a exécuté lundi 21 de ses ressortissants condamnés pour "terrorisme". Le pays, deuxième producteur de pétrole de l'Opep, ravagé depuis près de deux décennies par attentats et insurrection sunnite radicale, est régulièrement pointé du doigt par les défenseurs des droits humains.
Les militants accusent le système judiciaire d'obtenir des aveux sous la "torture" et appellent régulièrement l'Irak à cesser de mettre à exécution la peine capitale. En vain. En 2019, 100 condamnés, pour beaucoup pour "terrorisme", ont été exécutés soit plus d'une exécution sur sept à travers le monde, selon Amnesty International.
Lundi, les 21 hommes, tous condamnés pour des faits de "terrorisme" récents ou remontant à plusieurs années, ont été pendus dans la prison centrale de Nassiriya, selon des sources médicales et policières.
Le pénitencier de cette ville du Sud, unique couloir de la mort d'Irak, est surnommé "al-Hout" (la baleine) car quand on y rentre, on ne sort que mort, expliquent ironiquement les condamnés.
Avant les exécutions de lundi, au moins sept autres condamnés à mort ont été exécutés à Nassiriya en 2020, ont précisé les mêmes sources.
Depuis l'annonce fin 2017 par l'Irak de la victoire contre le groupe Etat islamique (EI), dernier avatar des jihadistes dans le pays de quelque 40 millions d'habitants, les tribunaux du pays ont ordonné des centaines de peines capitales, à l'encontre d'Irakiens comme d'étrangers, hommes et femmes.
En outre, de nombreuses familles, accusées de liens avec l'EI, continuent de s'entasser dans des camps de déplacés, redoutant des poursuites judiciaires si elles retournaient dans leurs villages. Pour des défenseurs des droits humains, certains de ces camps s'apparentent à des prisons à ciel ouvert.
Une fois la peine capitale prononcée, c'est ensuite au président de la République, le Kurde Barham Saleh, de ratifier les décrets d'exécutions. Cela a encore été le cas pour les 21 condamnés de lundi, ont indiqué les sources policières. Ces peines, ainsi que des centaines de peines de perpétuité, ont été infligées en vertu d'un Code pénal qui prévoit jusqu'à la mort pour quiconque ayant rejoint "un groupe terroriste", que l'accusé ait combattu ou non dans ses rangs. Jusqu'ici, aucun des étrangers de l'EI condamnés à mort n'a été pendu mais onze Français et un Belge attendent actuellement leur exécution en Irak.
L'Irak est le quatrième pays qui exécute le plus au monde, derrière, la Chine, l'Iran et l'Arabie saoudite, selon Amnesty International qui a recensé 657 exécutions dans le monde en 2019. Ce chiffre total est le plus bas enregistré par l'ONG depuis au moins une décennie.