L'arrestation de trois membres d'une ONG de défense des droits humains en Egypte est "très inquiétante", a indiqué l'ONU vendredi, craignant qu'elle ne s'inscrive dans un schéma plus large d'intimidation de ce type d'organisations.
L'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) a fait savoir cette semaine que son directeur exécutif, Gasser Abdel Razek, a été arrêté jeudi, et Karim Ennarah, son directeur de la justice criminelle, mercredi.
L'EIPR avait déjà annoncé dimanche l'arrestation de Mohamed Bacheer, son responsable administratif, accusé notamment d'avoir "rejoint un groupe terroriste" et de "diffuser de fausses informations". L'arrestation de ces trois militants en Egypte est "un développement très inquiétant qui souligne l'extrême vulnérabilité des militants de la société civile dans le pays", a estimé une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève (Suisse).
"Nous comprenons que Basheer a été interrogé sur le soutien juridique apporté par l'organisation aux victimes de violations des droits humains", a-t-elle indiqué. "Comme l'interrogatoire aurait porté sur une réunion que l'EIPR a tenue au début du mois avec 13 ambassadeurs et diplomates, ces arrestations semblent avoir été effectuées en représailles", a-t-elle déploré.
Ce n'est pas la première fois que cette organisation est prise pour cible par les forces de sécurité égyptiennes. Selon l'ONU, en février, Patrick George Zaki, chercheur de l'EIPR sur les droits des femmes, a également été arrêté et inculpé pour des faits liés au terrorisme. Il est en détention préventive depuis. "Nous avons reçu des allégations selon lesquelles il aurait été torturé pendant son interrogatoire", a affirmé Ravina Shamdasani.
Le fondateur de l'organisation, Hossam Bahgat, a lui été empêché de quitter l'Egypte et ses avoirs ont été gelés, selon l'ONU. "Nous craignons que ces récentes arrestations et détentions ne s'inscrivent dans un schéma plus large d'intimidation des organisations de défense des droits humains et d'utilisation de la législation antiterroriste et sur la sécurité nationale pour faire taire les dissidents", a insisté la porte-parole.
Le Haut-Commissariat est également "alarmé par les informations faisant état de l'exécution d'une cinquantaine de personnes le mois dernier, et a reçu des allégations de violations des droits à un procès équitable et à une procédure régulière dans certains de ces cas". "Nous appelons le gouvernement à déclarer un moratoire sur la peine de mort en vue de son abolition", a déclaré Mme Shamdasani.