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Les Etats-Unis s'apprêtent à exécuter une femme pour un "vol de foetus"

dépêche de presse du 17 décembre 2020 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
Thèmes :
Lisa Montgomery
En 2004, Lisa Montgomery a tué une femme enceinte pour lui ravir son foetus. Seize ans après, les Etats-Unis s'apprêtent à l'exécuter le 12 janvier et continuent de s'interroger sur les raisons qui peuvent pousser à un tel acte.

"Voler un bébé en éventrant sa mère" reste très rare, mais ce type d'attaques "a augmenté depuis une quinzaine d'années", remarque John Rabun, qui a cofondé le Centre national pour les enfants disparus et exploités.

Son organisation a recensé 21 "enlèvements de foetus" depuis 1964 aux Etats-Unis, dont 18 commis depuis 2004.

Cette année-là, Lisa Montgomery avait 36 ans. Mère de quatre grands enfants, elle avait subi une ligature des trompes quelques années plus tôt, ce que ses proches ignoraient.

Après avoir repéré sa victime --une éleveuse de chiens enceinte de huit mois-- sur un forum de discussions, elle s'était présentée à son domicile sous prétexte de lui acheter un terrier.

A la place, elle l'avait étranglée, avant de lui découper l'utérus avec un couteau, et l'avait abandonnée dans un bain de sang.

Elle était partie avec la petite fille - qui a survécu - et l'avait présentée à son nouveau mari comme leur nouveau-né. Ce dernier l'avait crue, jusqu'à l'intervention de la police le lendemain.

Lisa Montgomery a été condamnée en 2007 à la peine capitale pour ce crime "particulièrement odieux", selon le ministère de la Justice qui a fixé au 12 janvier son exécution.

Sans nier la gravité des faits, ses avocats essaient de faire commuer sa peine en rétention à la perpétuité. Ils soulignent qu'elle a été victime de violences et de viols en réunion dans son enfance et qu'elle souffre de troubles psychotiques.

- "Préparatifs" -

Sans entrer dans ce débat, les experts dressent des parallèles avec d'autres drames comparables, dont le dernier a eu lieu en octobre au Texas.

Le crime est souvent commis par une femme ayant perdu un enfant ou incapable d'en avoir, qui "veut un bébé pour améliorer une relation mal en point avec un partenaire", souligne Ann Burgess, professeure en psychiatrie à Boston.

"Elle a un homme dans sa vie et c'est la seule raison pour laquelle elle vole un enfant", renchérit John Rabun.

Avant de passer à l'acte, elle se livre à "beaucoup de préparatifs", selon Mme Burgess. Elle prend généralement du poids, peut décorer une chambre d'enfants et parfois organise une fête pour célébrer l'arrivée prochaine du bébé (une "baby shower", disent les Américains).

"Ces femmes planifient tout, elles lisent aussi des textes médicaux" pour apprendre à pratiquer des césariennes, ajoute John Rabun. "L'une d'elle avait surligné des passages jusqu'au moment de l'incision. Ensuite, elle s'était arrêtée de lire", raconte-t-il.

Ces criminelles se montrent en effet totalement indifférentes au sort des mères. "Elles ne semblent pas comprendre, qu'avec un ventre ouvert, on peut mourir", dit-il. Sur les 21 cas "d'enlèvements de foetus" recensés par son organisation, dix-neuf mères sont décédées.

En revanche, les autrices de ces crimes se sont occupées des enfants comme si c'était les leurs, et treize nourrissons ont survécu.

- "Pas envie d'en parler" -

Pour l'éducatrice Elizabeth Petrucelli, ancienne directrice de la sécurité d'un hôpital, les femmes enceintes devraient apprendre à reconnaître les signaux d'alerte.

Elle-même avait réagi, en 2015, quand une utilisatrice d'un forum avait trouvé étrange qu'une de ses connaissances, censée accoucher en novembre, soit toujours enceinte à la mi-janvier. "Si elle est désespérée, elle pourrait commettre le pire", avait commenté M. Petrucelli, qui n'avait pas été prise au sérieux.

Deux mois plus tard, cette femme, Dynel Lane, avait attaqué une future mère en prétextant vouloir lui donner des vêtements d'enfants. Cette dernière avait survécu, mais pas son bébé.

Cela prouve qu'il faut discuter du problème "même si on n'en a pas envie, pour des raisons évidentes", estime Mme Petrucelli.

"On essaie de sensibiliser les gynécologues, les sages-femmes", abonde Mme Burgess. "C'est important d'en parler car les victimes sont souvent attirées par la promesse de nourriture ou de vêtements gratuits pour le bébé" et il faut qu'elles soient conscientes du danger, dit-elle.

Mais cela ne suffira probablement pas, reconnaît Mme Petrucelli. "Comment empêcher quelque chose d'aussi rare ? Je ne pense pas que ce soit possible."
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