Le Parlement pakistanais a adopté mardi une loi introduisant la peine de mort pour les crimes d'honneur, pratiqués dans les zones rurales à tous les niveaux de la société, a annoncé le ministre de la Justice.
«Nous avons adopté une loi qui introduit la peine de mort pour les personnes impliquées dans le meurtre d'une personne au nom de l'honneur, a déclaré Wasi Zafar. La loi va dissuader les criminels potentiels et décourager cette pratique odieuse. (...) Les femmes se sentiront mieux protégées.»
Selon le ministère de l'Intérieur, 2774 femmes et 1327 hommes sont morts dans le cadre de crimes d'honneurs et du «Karo Kari» au cours des quatre dernières années.
Le «Karo Kari», qui préconise le meurtre des couples prétendument adultérins, est essentiellement pratiqué dans la zone rurale de la province de Sindh (Sud). Ailleurs, ce sont surtout les femmes, accusées de mauvaises conduite sexuelle, qui sont tuées au nom de l'honneur de la famille.
La loi dit que la pratique du crime d'honneur a malheureusement été acceptée et pardonnée à tous les niveaux de la société pakistanaise, y compris au sein de la police. «De nombreux cas de cette nature ne sont souvent pas enregistrés, les enquêtes ne sont pas menées de façon appropriée et la justice aussi les traite parfois avec indulgence», poursuit le texte. «Ainsi les accusés s'en sortent souvent sans punition ou avec une peine mal adaptée.»
L'Assemblée nationale a adopté d'autre part un amendement qui doit permettre de réduire les abus commis dans le cadre de l'application de la loi anti-blasphème, critiqués par les minorités et organisations de défense des droits de l'Homme.
Le texte, qui doit encore être adopté par le Sénat, demande aux hauts responsables de la police d'enquêter sur les allégations de blasphème avant de procéder aux inculpations. Jusqu'à présent, les personnes accusées de blasphème sont immédiatement arrêtées et inculpées, après quoi l'enquête est menée, en général par un officier subalterne.
Les organisations de défense des droits de l'Homme affirment que la loi est souvent utilisée à des fins de vengeance pour des questions de propriété ou d'argent, en particulier contre la communauté chrétienne.
Une accusation de blasphème peut entraîner la peine de mort dans cette nation islamique de 150 millions de personnes, même si personne n'a jamais été condamné à cette peine.