La justice marocaine a condamné mercredi un homme de 24 ans à la peine capitale après l'avoir reconnu coupable du meurtre et du viol d'un garçon de onze ans, une affaire qui avait secoué l'opinion publique marocaine et jusqu'ici en Belgique. "Le tribunal a été convaincu de l'implication du principal accusé dans le crime de meurtre avec préméditation, associé à l'enlèvement, la séquestration et le détournement de mineur", indique l'agence officielle MAP.
Le corps du jeune Adnane a été retrouvé en septembre, cinq jours après sa disparition dans le quartier populaire de Tanger où il vivait. L'enquête a débouché sur l'arrestation d'un ouvrier qui avait envoyé aux parents un message de demande de rançon pour faire croire à un enlèvement.
L'homme a été accusé d'avoir emmené le garçon dans l'appartement qu'il louait, de l'avoir agressé sexuellement puis tué avant de l'enterrer à proximité. Ses colocataires ont été condamnés mercredi à quatre mois de prison pour "non-dénonciation de crime", précise la MAP.
La peine capitale est toujours en vigueur dans le royaume mais n'est plus appliquée depuis 1993.
Un total de 74 personnes condamnées à la peine capitale se trouvaient en prison fin 2020, selon le Conseil national des droits de l'homme.
Entre 2000 et 2019, 119 condamnés à mort ont bénéficié d'une grâce royale et leurs peines ont été commuées en prison à perpétuité ou en peines à durée déterminée, selon la même source.
Les appels à exécution ressurgissent quand certaines affaires mobilisent l'opinion publique, comme celle du petit Adnane qui avait suscité un débat national sur la question, avec des pétitions demandant "justice".
L'affaire avait aussi relancé le débat sur la protection de l'enfance dans un pays régulièrement marqué par des affaires de pédophilie. Des ONG dénoncent depuis longtemps des condamnations qu'elles jugent trop clémentes, appelant à renforcer la lutte contre les prédateurs sexuels.
La libération sous caution en juin 2020 d'un homme soupçonné d'avoir violé une fillette de 6 ans avait soulevé de vives protestations et conduit à son retour en détention provisoire.
A l'été 2013, la grâce royale un temps accordée par erreur à un pédophile espagnol avait déclenché une polémique violente et d'importantes manifestations.