Deux experts des droits de l'homme de l'ONU ont déclaré qu'ils étaient alarmés par les informations selon lesquelles l'universitaire irano-suédois Ahmadreza Djalali aurait été transféré à l'isolement en vue de son exécution, malgré les conclusions largement répandues selon lesquelles son procès était manifestement inéquitable et qu'il avait été torturé.
« Nous demandons instamment à la République islamique d'Iran d'arrêter immédiatement cette exécution », ont déclaré Javaid Rehman et Agnès Callamard, respectivement Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran et Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.
« La décision du gouvernement et du système judiciaire iraniens d'exécuter M. Djalali est totalement répréhensible. À plusieurs titres, il s'agirait d'une violation claire et grave des obligations de l'Iran au titre du droit international relatif aux droits humains, en particulier du droit à la vie », ont-ils ajouté.
Selon les deux experts « sa torture, sa détention arbitraire, sa condamnation à mort et son exécution imminente annoncée sont des actes inadmissibles qui doivent être condamnés par la communauté internationale dans les termes les plus forts ».
M. Djalali est un médecin et un universitaire qui a été condamné à mort sur la base de fausses accusations d'espionnage en octobre 2017. Sa condamnation et sa peine sont restées en vigueur malgré des preuves crédibles que sa condamnation était fondée sur des aveux forcés extorqués sous la torture et après un procès manifestement inéquitable.
Le Groupe de travail sur la détention arbitraire a estimé dans un avis de 2017 qu'il était détenu de manière arbitraire et a demandé sa libération immédiate. Pendant sa détention, il s'est vu refuser à plusieurs reprises un traitement médical, malgré la forte probabilité qu'il soit atteint de leucémie.
Les graves inquiétudes concernant le risque imminent d'exécution de M. Djalali surviennent après qu'il a téléphoné à sa femme le 24 novembre dans ce qu'il a dit être son dernier adieu. Il l'aurait informée qu'il serait bientôt placé à l'isolement à la prison de Raja'i Shahr, à Karaj, ce qui est considéré comme une mesure de routine avant l'exécution des peines de mort.
L'avocat de M. Djalali s'est également rendu au bureau du procureur de la prison d'Evin et a vu l'ordre d'exécution de la peine de mort. Aucun effort n'a été fait auparavant par les autorités pour informer son avocat ou sa famille de cet ordre.
« Nous sommes horrifiés par les informations selon lesquelles M. Djalali sera bientôt exécuté par la République islamique d'Iran », ont déclaré les deux experts.
« Nous exhortons les autorités iraniennes à prendre des mesures immédiates pour revenir sur cette décision avant qu'il ne soit trop tard », ont-ils ajouté.
NOTE :
Les rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme afin de traiter de la situation spécifique d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.