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Deux frères emprisonnés à tort pendant 31 ans reçoivent 84 millions

dépêche de presse du 17 mai 2021 - Agence mondiale d'information - AFP
peine de mort / Caroline du nord
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Leon Brown Henry Lee McCollum
(Washington) Deux demi-frères, des Afro-Américains souffrant de handicap mental, vont recevoir 84 millions de dollars pour compenser leur maintien en détention pendant 31 ans pour un crime dont ils étaient innocents, a dit lundi à l'AFP leur avocat.

Un jury a octroyé vendredi soir 75 millions de dollars de dommages et intérêts à Henry Lee McCollum et à son demi-frère Leon Brown, qui avaient porté plainte au civil devant la justice fédérale pour violations de leurs droits civiques. Un accord conclu en parallèle a ajouté 9 millions supplémentaires.

« C'est le verdict le plus sévère jamais rendu pour une affaire d'erreur judiciaire de toute l'histoire des États-Unis », a souligné Me Des Hogan, qui les représentait.

Pour lui, « le jury a voulu envoyer un message pour dire que les anciens temps sont révolus », quand les autorités faisaient peu de cas des droits des personnes marginalisées, pauvres, de couleur, vivant en zones rurales.

Les demi-frères avaient 19 et 15 ans lors de leur arrestation en 1983 pour le viol et le meurtre d'une mineure de 11 ans, Sabrina Buie, dans la petite ville de Red Springs, en Caroline du Nord.

Le corps de la fillette avait été retrouvé quasi nu dans un champ au milieu de cannettes de bière et de mégots de cigarettes.

Arrêté sur la base d'une dénonciation anonyme, une adolescente qui s'était ensuite rétractée, l'aîné avait d'abord affirmé ne rien savoir du crime. Après cinq heures d'interrogatoire sans avocat, il avait finalement signé un aveu, rédigé par les enquêteurs, qui incriminait son frère.

Celui-ci, bien qu'illettré, avait lui aussi signé une confession dans des circonstances similaires.

Sur la seule base de leurs aveux, ils avaient été condamnés à la peine capitale, peine commuée plus tard pour M. Brown à la perpétuité.

En prison, les deux hommes ont toujours clamé leur innocence et celle-ci a finalement été reconnue en 2004 après des analyses ADN menées sur un des mégots de cigarettes retrouvés près de la victime.

Cet ADN était celui d'un homme qui vivait à 100 mètres de la scène de crime. Moins d'un moins après la mort de Sabrina Bruie, il avait violé et tué une jeune fille de 18 ans, dont le corps avait aussi été retrouvé nu dans un champ de la petite ville. Condamné pour ce crime, il n'a jamais été interrogé sur la mort de la fillette.

À cause de cette erreur, les deux demi-frères « ont vécu l'enfer et ne se réadapteront jamais complètement », a déclaré leur avocat. Mais « ils sont heureux que le jury ait reconnu les erreurs du shérif. On leur a enfin donné raison », a-t-il ajouté.
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