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Un homme exécuté en Alabama après un feu vert tardif de la Cour suprême des Etats-Unis

dépêche de presse du 28 janvier 2022 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Alabama
Thèmes :
Matthew Reeves
Un condamné à mort, souhaitant être asphyxié à l'azote, a finalement reçu une injection létale tard jeudi en Alabama, la Cour suprême des Etats-Unis ayant renversé à la dernière minute des décisions qui bloquaient son exécution.

La mort de Matthew Reeves, un homme noir de 44 ans, a été prononcée à 21H24 (3H24 GMT vendredi) dans le pénitencier d'Atmore, a annoncé dans un communiqué le procureur général de cet Etat du Sud, Steve Marshall.

Il est devenu le second condamné à mort exécuté en 2022 aux Etats-Unis, l'Etat d'Oklahoma ayant procédé à une injection létale quelques heures plus tôt.

En 1996, Matthew Reeves avait tué un automobiliste qui lui avait rendu service alors qu'il était en panne, avec des amis, sur le bord d'une route. Alors que cet homme les avait pris en charge dans sa voiture, il lui avait tiré une balle dans la nuque et lui avait volé 360 dollars. Il s'était ensuite rendu à une fête où il s'était vanté du crime.

Au cours des années, ses avocats ont introduit plusieurs recours pour faire annuler sa condamnation à la peine capitale. Après leur échec, l'Alabama avait décidé d'appliquer la sanction.

Confronté à des doutes sur les injections létales, soupçonnées de causer des souffrances illégales aux condamnés, cet Etat leur offre depuis 2018 la possibilité d'opter pour l'asphyxie par azote gazeux, un protocole jamais utilisé.

Matthew Reeves, qui avait un mois pour se prononcer, n'avait pas rempli le formulaire à temps. Les autorités d'Alabama avaient donc préparé, par défaut, son exécution par substance létale.

Ses avocats avaient alors introduit de nouveaux recours. Invoquant ses importantes déficiences intellectuelles, ils avaient expliqué que Matthew Reeves n'avait pas compris les termes légaux utilisés dans le formulaire.

Un tribunal fédéral puis une cour d'appel leur avaient donné raison, et suspendu l'exécution prévue jeudi soir.

Alors que l'horaire fixé était dépassé, la Cour suprême des Etats-Unis, saisie par le gouvernement républicain d'Alabama, a renversé leurs décisions.

Avec une majorité serrée de cinq juges sur neuf, elle a donné, sans fournir d'explication, son feu vert à l'exécution qui s'est déroulée dans la foulée.

Ses trois juges progressistes ont exprimé leur désaccord. Le tribunal de première instance avait "examiné plus de 2.000 pages de documents, consacré sept heures à des témoins et détaillé ses conclusions dans une décision de 27 pages", ont-ils noté, en estimant que la Cour suprême aurait dû leur faire confiance.

La magistrate conservatrice Amy Coney Barrett, une fervente catholique, s'est également dissociée de la majorité.
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