La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a lancé lundi une campagne internationale appelant les rebelles houthis du Yémen à libérer quatre journalistes qu'ils avaient condamnés à mort pour "espionnage" et "fausses informations", dans ce pays ravagé par sept ans de guerre.
En avril 2020, un tribunal des rebelles avait reconnu les journalistes coupables de "trahison et d'espionnage au profit d'Etats étrangers", selon une source judiciaire.
Proches de l'Iran, les houthis contrôlent une partie du territoire du Yémen et affrontent depuis 2014 les forces du gouvernement soutenues par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
La FIJ et le Syndicat yéménite des journalistes ont lancé "un appel d'urgence" pour le soutien d'une "campagne exigeant des autorités houthis au Yémen qu'elles libèrent leurs confrères et leur laissent la vie sauve", a déclaré l'ONG dans un communiqué.
Les quatre journalistes "se trouvent actuellement dans le couloir de la mort", a averti la FIJ qui dit vouloir "accroître la pression" sur les rebelles et inciter "les principaux acteurs de la communauté internationale" à se mobiliser.
Basée à Bruxelles, la FIJ, qui représente les syndicats et associations de journalistes dans 140 pays, a publié en ligne une lettre ouverte à l'ONU, appelant les internautes à la signer.
Au moment du verdict, Amnesty International avait critiqué le procès, dénonçant des "accusations d'espionnage fabriquées de toutes pièces" contre les journalistes qui exerçaient "pacifiquement leur droit à la liberté d'expression".
De son côté, Reporters Sans Frontières (RSF) avait fustigé un "jugement totalement inacceptable" qui montre "le caractère répressif systématique des rebelles houthis à l'égard des journalistes" et leur volonté de "régler leurs comptes avec tous les médias critiques".
Depuis la prise de la capitale Sanaa en 2014, les rebelles ont pris le contrôle de larges pans du territoire du Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique.
Depuis 2015, une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite appuie les forces loyalistes. Tous les belligérants ont été accusés par les ONG et des experts onusiens de commettre des "crimes de guerre".
Avec plus de 377.000 morts selon l'ONU, le conflit a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde avec une population confrontée à la faim, aux déplacements et aux maladies.