Amnesty International a exhorté mardi l'Arabie saoudite à empêcher l'"exécution imminente" de deux hommes originaires du Bahreïn voisin, accusés de crimes liés au terrorisme, notant que le recours à la peine de mort connaît une recrudescence dans le royaume conservateur.
L'Arabie saoudite a déjà exécuté 120 personnes depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP. Ce total comprend 81 mises à mort en une seule journée en mars, toutes pour des affaires liées au terrorisme. C'est aussi près du double du total de 65 exécutions enregistrées en 2021 dans la royaume, qui était lui-même plus du double du total de 2020, a indiqué mardi Amnesty dans un rapport sur le recours à la peine de mort dans le monde. Dans un communiqué séparé mardi, l'ONG a souligné les cas de Jaafar Mohammad Sultan et de Sadeq Majeed Thamer, deux chiites bahreinis, dont les condamnations à mort ont été confirmées par la Cour suprême en avril. D'après Amnesty, les deux hommes "risquent une exécution imminente".
Ces peines ont été prononcées en octobre 2021 à l'issue d'un procès "manifestement inéquitable", sur la base d'accusations telles que "la contrebande de matières explosives vers l'Arabie saoudite et la participation à des manifestations antigouvernementales à Bahreïn", a déclaré Amnesty. Les autorités saoudiennes ont arrêté ces hommes en octobre 2015. Ceux-ci ont déclaré avoir "été torturés et que leurs prétendus aveux leur ont été extorqués sous la contrainte", toujours selon la même source. Un porte-parole du gouvernement saoudien n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.
L'Arabie saoudite, majoritairement sunnite, a envoyé des troupes au Bahreïn pour réprimer, dans le pays dirigé par une monarchie sunnite, un mouvement de protestation principalement chiite ayant démarré en 2011, inspiré par les révolutions en Tunisie et en Egypte.
La récente recrudescence des exécutions en Arabie saoudite intervient alors que le royaume, connu pour son interprétation stricte de la Charia (loi islamique), tente d'adoucir son image avec une série de réformes judiciaires qui pourraient rendre ses tribunaux plus transparents.