Genève, Suisse, 11 décembre 2006 – Les représentants des organisations mondiales de médecins et d'infirmières lancent un appel urgent pour l'annulation de la sentence de mort prononcée contre cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien, accusés d'avoir volontairement contaminé des enfants libyens au VIH.
L'Association médicale mondiale et le Conseil international des infirmières ont envoyé une lettre commune à l'Union africaine, au Gouvernement libyen, au Conseil de l'Europe et aux organisations non gouvernementales Physicians for Human Rights et Amnesty International afin d'attirer leur attention sur la publication de nouvelles expertises scientifiques mettant en doute les preuves avancées pour étayer les accusions portées contre les six professionnels de la santé.
La lettre cite un article paru dans la revue Nature, faisant état des recherches d'une équipe internationale de scientifiques ayant analysé des échantillons prélevés sur les patients infectés. Les scientifiques ont ainsi découvert que le sous-type de VIH incriminé a commencé d'infecter des patients libyens bien avant l'arrivée des travailleurs de la santé, en 1998.
Le médecin et les infirmières, emprisonnés depuis 1999, risquent la peine de mort si leur culpabilité est établie par un tribunal siégeant Tripoli, le 19 décembre prochain. Nos collègues ont été condamnés à mort en 2004. En 2005, la Cour suprême de Libye a cassé ce jugement au motif d' »irrégularités » commises au moment de leur arrestation et de leurs interrogatoires. La Cour a aussi renvoyé la cause pour un nouveau jugement.
L'Association médicale mondiale, qui représente plus de huit millions de médecins dans le monde, et le Conseil international des infirmières, fédération de 129 associations nationales représentant 13 millions d'infirmières au niveau mondial, ont à de nombreuses reprises demandé l'annulation de la condamnation.
En septembre, Mme Judith Oulton, Directrice générale du CII, appelait tous les membres à écrire à leurs gouvernements respectifs et à d'autres intervenants, demandant que justice soit rendue aux professionnels de la santé emprisonnés. Le CII agit dans ce dossier en coordination avec Amnesty International, notamment. L'AMM s'est exprimée à de nombreuses reprises sur cette affaire, en public et en privé. Le Dr Yoram Blachar, Président du Conseil de l'AMM, estime que ces sentences sont « totalement injustifiées ». Les deux organes ont exhorté leurs membres à écrire à nouveau à leurs gouvernements.
Le mois dernier, 114 lauréats du Prix Nobel ont de leur côté écrit une lettre ouverte au colonel Kadhafi. Ces scientifiques demandent aux autorités libyennes de prendre en considération les preuves scientifiques indépendantes et réaffirment la nécessité d'un jugement équitable.
Le CII et l'AMM exhortent toutes les personnes intéressées à se joindre à leur appel en prenant contact avec leurs gouvernements et en écrivant au Gouvernement de la Libye à l'adresse ci-dessous*.