(Genève) Les experts des Nations unies ont appelé vendredi l'Iran à cesser de menacer la population de la peine de mort pour avoir participé aux manifestations dans le pays.
« Nous exhortons les autorités iraniennes à cesser d'inculper des personnes pour des crimes punis de la peine de mort comme moyen de réprimer les manifestations et nous appelons à nouveau à la libération immédiate des manifestants privés arbitrairement de leur liberté », écrivent les experts dans un communiqué.
Les experts, dont les rapporteurs spéciaux de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran, sur les exécutions arbitraires et les atteintes à la liberté d'expression, ont appelé Téhéran à « libérer immédiatement tous les protestataires qui ont été privés de liberté d'une manière arbitraire ».
Selon les experts, au moins 304 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations qui ont secoué le pays pendant huit semaines après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, 22 ans. La jeune femme est morte après arrestation pour une tenue jugée non conforme au code vestimentaire strict imposé aux femmes dans le cadre de la charia.
Des milliers de manifestants pacifiques ont également été arrêtés, dont de nombreuses femmes, des enfants et des jeunes, des avocats, militants et journalistes, ont indiqué les experts, nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, mais qui ne s'expriment pas au nom de l'organisme international.
Ils se sont déclarés très préoccupés par les poursuites engagées le 29 octobre à Téhéran contre huit personnes accusées de « mener la guerre contre Dieu » et d'amener « la corruption sur terre », des crimes passibles de la peine capitale.
Deux jours plus tard, selon eux, le procureur de Téhéran avait indiqué qu'un millier d'inculpations avaient été prononcées en lien avec les récentes « émeutes ».
La semaine dernière, « en violation flagrante de la séparation des pouvoirs, 227 membres du parlement ont appelé la justice à agir d'une manière décisive contre les personnes arrêtées au cours des manifestations et à prononcer des verdicts impliquant la condamnation à la peine de mort », ont-ils souligné.
« Avec la répression continue des manifestations, de nombreuses autres inculpations pour des délits passibles de la peine de mort ou des sentences condamnant à la peine capitale pourraient être bientôt prononcées », ont averti les experts.
« Les femmes et les filles, qui ont été en première ligne des manifestations… pourraient particulièrement être visées ».
La peine de mort a été largement prononcée à l'encontre de manifestants en Iran depuis le grand mouvement de protestations il y a trois ans, pour des « chefs d'accusation de meurtre dénués de fondements ou de vagues accusations relatives à la sécurité nationale », ont relevé les experts.
« En 2020, au moins deux personnes ont été exécutées à la suite de leur participation à des manifestations », ont-ils ajouté.
Les experts ont appelé le Conseil des droits de l'homme à tenir d'urgence une réunion sur la situation en Iran et à organiser une enquête internationale pour « mettre fin à l'impunité persistante concernant de graves violations des droits de l'homme ».