La justice iranienne a confirmé dimanche la peine de mort contre un dissident irano-suédois détenu depuis 2020 en Iran, une décision jugée "inhumaine" par Stockholm.
"La condamnation à mort de Habib Chaab pour corruption sur Terre, la gestion et la direction d'un groupe rebelle et la conception et l'exécution de nombreuses opérations terroristes a été approuvée par la Cour suprême", a indiqué l'agence Mizan Online, organe de l'Autorité judiciaire.
Cette décision "est confirmée et définitive", a-t-elle ajouté.
La Suède a réagi en affirmant qu'elle cherchait à obtenir plus de clarté sur ce dossier.
"La peine de mort est un châtiment inhumain et irréversible et la Suède, comme le reste de l'UE, condamne son application en toutes circonstances", a déclaré à l'AFP son ministre des Affaires étrangères, Tobias Billstrom, dans un courriel.
Agé d'une cinquantaine d'années selon des médias iraniens, M. Chaab est présenté comme le chef du groupe de l'ASMLA (Mouvement arabe de lutte pour la libération d'Ahvaz), considéré comme un mouvement terroriste par les autorités iraniennes.
Il avait disparu en octobre 2020 après s'être rendu à Istanbul, avant de réapparaître un mois plus tard en prison en Iran.
Après l'avoir jugé depuis janvier 2022 pour "terrorisme" et surtout propagation de la "corruption sur Terre", un des chefs d'accusation les plus graves en Iran, la justice a annoncé le 6 décembre sa condamnation à mort.
En novembre 2020, la télévision iranienne avait diffusé une vidéo de Habib Chaab, dans laquelle il s'accusait notamment d'un attentat meurtrier ayant visé en septembre 2018 un défilé militaire à Ahvaz, chef-lieu de la province du Khouzestan, et de travailler pour les services de renseignement saoudiens.
- Autres condamnations -
La Suède, dont il est citoyen, a engagé des démarches pour lui offrir une aide consulaire mais sans résultat, car l'Iran ne reconnaît pas la double nationalité.
Habib Chaab "a été basé en Suède pendant de nombreuses années et a bénéficié des facilités et moyens du gouvernement et de l'appareil sécuritaire de ce pays", a ajouté Mizan Online.
Lundi dernier, la justice iranienne a condamné à mort six hommes accusés de faire partie du groupe de l'ASMLA, les accusant d'avoir "suivi les ordres de leurs chefs européens, comme Habib Nabgan et Habib Chaab".
Téhéran avait provoqué une vague d'indignation internationale après avoir exécuté en janvier un ancien responsable de la Défense, l'Irano-Britannique Alireza Akbari, reconnu coupable pour espionnage.
En février, l'Allemagne a expulsé deux diplomates en poste à Berlin pour protester contre la condamnation à mort du dissident irano-allemand Jamshid Sharmahd, âgé de 67 ans. Il était accusé d'avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le sud de l'Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.
Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux, dont six Français, sont détenus en Iran, la plupart d'entre eux étant des binationaux.
Parmi eux figure l'universitaire iranien Ahmadreza Djalali, un résident suédois qui a été arrêté lors d'une visite en Iran en avril 2016 et condamné à mort en 2017 pour espionnage pour le compte d'Israël. Il a obtenu la nationalité suédoise pendant sa détention. Selon sa famille, il est toujours dans le couloir de la mort.
Les relations irano-suédoises sont également tendues en raison du dossier d'Hamid Noury, un ancien fonctionnaire pénitentiaire iranien condamné à la perpétuité en première instance en Suède pour son rôle dans les exécutions de masse de prisonniers ordonnées par Téhéran en 1988.
Son procès, qui a débuté en appel en janvier, suscite la colère de Téhéran, qui dénonce régulièrement des poursuites "politiques" et des "accusations sans fondement et fabriquées contre l'Iran" dans ce dossier.