(New York) « J'ai attendu longtemps » : un New-Yorkais est sorti libre jeudi après 18 ans de prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis, accusé à tort de manière intentionnelle et frauduleuse par la police.
La terrible mésaventure de Sheldon Thomas, 35 ans aujourd'hui, est à peine croyable.
Cet Afro-Américain fut condamné pour le meurtre en 2004 d'un autre adolescent de 14 ans à l'époque, à Brooklyn.
Le véritable auteur du meurtre court toujours.
Lors d'une audience devant un tribunal new-yorkais à laquelle la télévision ABC a assisté, M. Thomas a dit qu'il pardonnait les enquêteurs, une témoin à charge, les procureurs et qu'il remerciait le juge qui l'a disculpé.
« J'ai attendu longtemps », a-t-il soufflé.
Sheldon Thomas est sorti en homme libre après qu'un juge de l'État de New York a approuvé la requête du parquet local pour annuler la condamnation.
Dans un communiqué, le procureur Eric Gonzalez a fait savoir qu'une enquête en révision a montré qu'il avait été intentionnellement accusé à tort par des policiers au moyen d'une photo d'un homonyme également afro-américain.
« L'accusé fut interpellé grâce à une témoin qui avait identifié quelqu'un d'autre (sur une photo) portant le même nom, une erreur ensuite dissimulée et justifiée dans les actes de procédure », a écrit M. Gonzalez.
Cette témoin avait donc désigné Sheldon Thomas sur la base d'une photo d'un autre Sheldon Thomas que des policiers avaient volontairement et frauduleusement sortie de leur base de données.
C'est sur la foi de cette identification biaisée par la police que M. Thomas fut arrêté chez lui et par la suite désigné, à tort donc, par cette même témoin. À l'issue de cette séance d'identification censée être non biaisée, Sheldon Thomas fut déclaré coupable de meurtre et condamné à au moins 25 ans d'emprisonnement.
Selon le « National Registry of Exonerations », un projet universitaire américain, les quelque 2500 personnes innocentées par la justice ces 30 dernières années ont passé en moyenne 13,9 années en prison, avec un maximum de 47 ans et deux mois.
En novembre 2021, un sexagénaire afro-américain avait été disculpé et remis en liberté dans le Missouri après 43 ans en prison suite à une erreur judiciaire.