Conseil de l'UE
Le 1er février 2021, les militaires du Myanmar renversaient par la force le gouvernement démocratiquement élu du pays, en violation flagrante de la volonté de la population, telle qu'elle s'était exprimée lors des élections législatives du 8 novembre 2020. Ces agissements illégitimes mettaient un terme à la transition démocratique du pays et allaient engendrer des conséquences désastreuses dans les domaines humanitaire, social, économique, de la sécurité et des droits de l'homme. L'UE a toujours soutenu sans équivoque la population du Myanmar dans ses revendications en faveur d'un régime civil et de la démocratie.
L'escalade continue de la violence exercée par le régime militaire et l'évolution vers un conflit de longue durée dans tout le Myanmar sont alarmantes et préoccupantes pour la stabilité et la paix dans l'ensemble de la région. Plus de 17 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire et 1,2 million ont été déplacées depuis le coup d'État, tandis que plus d'un million de réfugiés rohingyas se trouvent toujours au Bangladesh à la suite de leur expulsion par les militaires du Myanmar.
L'UE condamne avec la plus grande fermeté les graves violations des droits de l'homme, y compris les violences sexuelles et les violences à caractère sexiste, la persécution de la société civile, des défenseurs des droits de l'homme et des journalistes, les attaques contre la population civile, visant également des enfants et des personnes appartenant à des minorités ethniques et religieuses dans tout le pays, ainsi que les récentes frappes aériennes meurtrières sur des cibles civiles, y compris des écoles et des hôpitaux, par les forces armées du Myanmar. Les responsables du coup d'État, ainsi que les auteurs de violences et de violations flagrantes des droits de l'homme, devraient répondre de leurs actes. L'UE réitère son appel en faveur d'un renforcement d'une action préventive au niveau international, y compris d'un embargo sur les armes, afin de mettre un terme à la vente et au transfert d'armes et d'équipements, qui facilitent les atrocités commises par l'armée.
Les procès à motivation politique contre le président démocratiquement élu Win Myint et la conseillère d'État Aung San Suu Kyi, ainsi que de nombreux autres dissidents et militants pro-démocratie, sont totalement inacceptables et illustrent la volonté du régime militaire d'éradiquer toute forme d'opposition démocratique. L'ensemble des prisonniers politiques et des personnes détenues arbitrairement devraient être libérés immédiatement et sans condition. Les quatre exécutions de dirigeants pro-démocratie et de l'opposition qui ont eu lieu le 25 juillet 2022 ont constitué une violation flagrante des droits de l'homme. L'UE est fondamentalement opposée à la peine de mort, qui constitue une sanction inhumaine, cruelle et irréversible violant le droit inaliénable à la vie.
Toutes les hostilités doivent cesser immédiatement. Les autorités militaires doivent respecter pleinement le droit international humanitaire et cesser de recourir aveuglément à la force. Les autorités militaires doivent assurer un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à toutes les personnes déplacées et dans le besoin, dans toutes les parties du pays. L'UE continuera de fournir une assistance humanitaire conformément aux principes d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance. Toutes les parties au conflit doivent respecter l'acheminement de l'aide humanitaire conformément à ces principes.
L'Union européenne soutient les efforts déployés par l'ASEAN et les Nations unies pour aider le Myanmar à trouver une solution pacifique à la crise et se félicite de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution 2669 sur le Myanmar. Le Myanmar devrait mettre en œuvre rapidement et fidèlement le consensus en cinq points de l'ASEAN, comme cela a été réaffirmé lors des 40e et 41e sommets de l'ASEAN en novembre 2022 et lors du sommet commémoratif UE-ASEAN de décembre 2022.
Seul un processus politique inclusif associant le gouvernement d'unité nationale, le comité représentant le Pyidaungsu Hluttaw (CRPH), le Conseil consultatif de l'unité nationale, les partis politiques, la société civile, les dirigeants religieux et minoritaires, les groupes ethniques et toutes les autres parties prenantes concernées au Myanmar, peut mener le pays vers une sortie de cette crise qui dure, et ouvrir la voie à un véritable processus démocratique qui refléterait véritablement la volonté de la population du Myanmar.
En l'absence d'évolution rapide de la situation au Myanmar, l'UE est prête à adopter de nouvelles mesures restrictives à l'encontre des personnes directement responsables des atteintes à la démocratie et des graves violations des droits de l'homme au Myanmar, et de celles qui s'en rendent complices.