Cox's Bazar (Bangladesh) - Le Bangladesh a condamné lundi deux officiers de police à la peine capitale pour le meurtre d'un ancien commandant de l'armée, ayant mis en évidence la pratique d'exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité du pays.
Pradeep Kumar Das, l'un des deux condamnés à mort, est accusé par des organisations de défense des droits de l'homme d'avoir orchestré plus de 170 meurtres dans le sud du pays.
Six autres personnes ont été condamnées à la prison à vie pour ce meurtre, et sept ont été acquittées.
Lui et ses complices ont été reconnus coupables d'avoir abattu Sinha Mohammad Rashed Khan en 2020, un major de l'armée à la retraite qui tournait un documentaire sur la vie sauvage le long de la côte de Cox's Bazar.
"Le juge a conclu que c'était un meurtre prémédité", a déclaré à l'AFP le procureur Tauhidul Ahsan, "l'un d'eux l'a abattu et un autre lui a donné des coups de botte pendant qu'il était en train de mourir".
Mais l'audience de lundi n'a pas évoqué les mobiles du crime.
Les détails du meurtre, divulgués à la presse, ont provoqué l'indignation du milieu militaire du pays, qui a exigé que les officiers de police soient châtiés.
Des centaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour conspuer les accusés pendant le procès.
Le bilan du Bangladesh en matière de droits de l'homme sous la direction de la Première ministre Sheikh Hasina a été condamné par la communauté internationale.
Le mois dernier, Washington a imposé des sanctions contre la force de sécurité d'élite du pays, le Bataillon d'action rapide, et plusieurs officiers supérieurs, accusés d'avoir commis des exécutions extrajudiciaires.
Selon Mubashar Hasan, chercheur bangladais spécialiste des droits de l'homme vivant en Australie, Das et ses complices ont été poursuivis seulement en raison du statut de la victime, en tant que membre éminent de la puissante armée du pays.
"Pradeep s'en serait tiré et aurait probablement reçu une médaille de la présidence ou de la Première ministre en ne tuant que des citoyens ordinaires au nom de la lutte contre les trafiquants de drogue", a affirmé à l'AFP Mubashar Hasan.