L'Iran a exécuté vendredi un Kurde considéré comme un "prisonnier politique" pour son appartenance à un parti interdit par Téhéran, ont rapporté des organisations de défense des droits humains. Mohayyedine Ebrahimi a été pendu à l'aube à la prison d'Ourmia, dans le nord-ouest de l'Iran, ont indiqué Iran Human Rights (IHR) et Hengaw, deux organisations basées en Norvège, dans des communiqués distincts. Cinq autres hommes ont également été exécutés dans la matinée à Ourmia pour trafic de drogue, selon les mêmes sources.
Selon Hengaw, la famille a été d'abord informée du transfert d'Ebrahimi dans une autre prison après la suspension de sa peine, avant d'être contactée pour récupérer son corps. Il a été condamné pour avoir été membre du Parti démocratique kurde d'Iran, groupe armé interdit qui a mené une lutte armée pour l'autodétermination de la région iranienne peuplée de Kurdes.
Ebrahimi a nié ces accusations, affirmant qu'il travaillait comme "kolbar" (contrebandier) de marchandises provenant d'Irak, selon les ONG qui l'ont qualifié de "prisonnier politique". Il avait été arrêté en 2017, avant d'être condamné à la peine capitale l'année suivante.
IHR a ajouté qu'une manifestation avait eu lieu jeudi en fin de journée devant les portes de la prison d'Ourmia, après que les proches d'Ebrahimi ont compris que son exécution serait imminente. Son fils a été arrêté dans la foulée, selon la même source.
Par ailleurs, un autre détenu a été pendu jeudi dans la prison de Khorramabad, dans l'ouest de l'Iran, pour le meurtre d'un policier, a indiqué l'agence de presse officielle IRNA.
Téhéran a été accusé d'utiliser la peine de mort comme instrument de répression contre les manifestations déclenchées par la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée pour non respect du code vestimentaire de la République islamique, strict pour les femmes.
Quatre hommes ont été exécutés jusqu'ici pour des faits commis en lien avec ces manifestations. Selon IHR, 144 personnes ont déjà été exécutées depuis le début de l'année.
Le directeur de l'IHR, Mahmood Amiry Moghaddam, a décrit les personnes exécutées "comme des victimes de la machine à exécuter du gouvernement, dont le seul but est d'intimider les gens et d'empêcher les manifestations". De son côté, Amnesty International a accusé l'Iran d'une "escalade effrayante dans l'application de la peine de mort", les minorités ethniques kurde et baloutche étant particulièrement visées, selon l'ONG.