La Cour de cassation d'Irak a annulé la peine de mort prononcée contre l'assassin du chercheur Hicham al-Hachémi, abattu en 2020, et renvoyé le dossier à l'instruction dans cette affaire qui avait provoqué une vive indignation, a-t-on appris jeudi.
Ahmad el-Kenani avait été condamné à la peine capitale par un tribunal pénal de Bagdad début mai pour l'assassinat de Hicham al-Hachémi, spécialiste internationalement reconnu des mouvements jihadistes et figure respectée de la société civile. Il avait été abattu le 6 juillet 2020 par des hommes à moto devant chez lui. "Toutes les décisions rendues par le tribunal (pénal, ndlr) central sont annulées (...) et le dossier est renvoyé au tribunal compétent", a indiqué la Cour dans sa décision rendue le 31 juillet et publiée sur son site.
La Cour de cassation a justifié sa décision en expliquant que le "Comité 29", cellule chargée d'enquêter sur cet assassinat, ne disposait d'"aucun pouvoir légal" pour le faire. Le "Comité 29", aujourd'hui dissous, avait été mis en place par l'ancien Premier ministre, Moustafa al-Kazimi (2020-2022), pour lutter notamment contre la corruption. En 2021, M. Kazimi avait annoncé des arrestations et la télévision d'Etat avait diffusé les "confessions" de M. Kenani, un policier de 36 ans présenté comme le principal auteur de l'assassinat.
Au moment de son arrestation en juillet 2021, une source au sein des services de sécurité, interrogée par l'AFP, assurait que le policier était considéré comme proche des brigades du Hezbollah, un des groupes les plus puissants formant le Hachd al-Chaabi, coalition d'anciens paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces régulières.
L'assassinat de M. Hachémi avait profondément choqué l'Irak et avait été condamné par l'ONU et des capitales occidentales. Il était régulièrement consulté par de nombreuses chancelleries et personnalités politiques irakiennes. Le chercheur avait pris position en faveur du soulèvement anti-pouvoir déclenché à l'automne 2019, un mouvement qui dénonçait la corruption dans le pays, réclamait une refonte totale du système politique et fustigeait la mainmise iranienne sur Bagdad. Le mouvement a été réprimé dans le sang, avec plus de 600 personnes tuées et des milliers d'autres blessées. Des dizaines de militants avaient été victimes d'assassinats, tentatives d'assassinat ou d'enlèvements.
A l'été 2022, la mission de l'ONU en Irak déplorait encore un "environnement de peur et d'intimidation" dans l'espace public irakien, recensant plusieurs incidents "visant à réprimer toute dissidence" et "perpétrés par des +éléments armés non-identifiés+".