Un officier a été condamné à mort lundi, trois autres militaires à dix ans de prison et deux acquittés par la justice militaire qui les jugeait pour la répression d'une manifestation qui a fait plus de 50 morts le 30 août à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo.
Les avocats des condamnés, qui avaient plaidé l'acquittement, ont annoncé leur intention de faire appel.
La peine capitale est souvent prononcée en RDC mais n'est plus appliquée depuis 20 ans et est systématiquement commuée en prison à perpétuité.
Vendredi, dans son réquisitoire, "l'auditeur supérieur", qui représente le ministère public, n'avait pas requis la peine de mort mais la prison à perpétuité contre le principal accusé, le colonel Mike Mikombe, condamné à mort par la cour, qui n'a toutefois pas retenu l'accusation de "crime contre l'humanité" mais celle de "meurtres".
Il avait également requis des peines allant de 10 à 20 ans pour les cinq autres accusés.
Depuis le 5 septembre, les six militaires (dont deux officiers supérieurs) de la Garde républicaine étaient jugés pour une opération meurtrière lancée contre une secte religieuse qui avait appelé à manifester contre la présence dans la région de l'ONU, de la force régionale d'Afrique de l'Est et d'ONG internationales.
Cette opération, dont le dernier bilan officiel fait état de 57 civils tués, avait entraîné un regain de tension à Goma, au cœur d'une région en proie aux violences de groupes armés et rébellions.
- Questions -
Après les faits, le gouvernement avait rapidement annoncé des arrestations de militaires et promis que justice serait faite.
Le procès n'a toutefois pas permis de répondre à toutes les questions sur les circonstances de la tuerie.
Le ministre de l'Intérieur notamment, Peter Kazadi, avait indiqué que la Garde républicaine était intervenue en représailles du lynchage d'un policier par des adeptes de la secte.
Or, les témoins, parmi lesquels deux colonels, ont affirmé à l'audience que l'opération avait été lancée avant la mort du policier.
Les mêmes témoins ont aussi affirmé qu'avant la tuerie, des négociations entre l'armée et les fidèles avançaient bien, mais qu'au milieu des discussions, les militaires avaient ouvert le feu sur les adeptes désarmés.
La question restait de savoir si le colonel Mikombe, le principal accusé, avait donné l'ordre de tirer, et s'il l'avait fait pour répondre à des ordres ou de son propre chef.
Au procès, il a laissé entendre qu'il avait été induit en erreur par un "ordre opérationnel" de la 34e région militaire (Nord-Kivu) présentant les adeptes de la secte comme des "supplétifs" des rebelles du M23 et de l'armée rwandaise - qui occupent des pans entiers de la province - chargés de "faciliter l'infiltration de l'ennemi" en "semant des troubles dans la ville".
Par la suite, il avait demandé à l'audience que le gouverneur militaire du Nord-Kivu, rappelé pour "consultations" à Kinshasa après la tuerie et remplacé depuis à Goma par un autre officier, soit entendu par la cour.
"On ne peut pas salir l'unité qui est la Garde républicaine devant cette auguste cour parce qu'on doit protéger le gouverneur!", avait-il lancé.