Les autorités talibanes ont fait exécuter publiquement un homme reconnu coupable de meurtre lundi dans un stade du nord de l'Afghanistan, quelques jours seulement après avoir procédé à deux autres exécutions, a-t-on appris de source officielle.
Nazar Muhammad, condamné pour avoir poignardé un homme à mort en janvier 2022, a été exécuté dans la ville de Sheberghan, a annoncé la Cour suprême dans un communiqué. L'ordre d'exécution a été signé par le chef suprême du pays, Hibatullah Akhundzada, après que la justice a examiné "très minutieusement et à plusieurs reprises" le dossier, a précisé l'instance.
Le condamné a été abattu de cinq balles devant la famille de sa victime - dont des femmes et des enfants - et des milliers de personnes rassemblées dans un stade, a indiqué à l'AFP un responsable de l'administration provinciale.
Selon un décompte de l'AFP, il s'agit de la cinquième exécution publique depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, mais la troisième en quelques jours. Jeudi, deux hommes avaient été exécutés dans les mêmes circonstances à Ghazni (est). À leur retour au pouvoir, les talibans avaient promis de se montrer plus souples dans l'application de la charia (loi islamique), mais ils sont largement revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir.
Les exécutions publiques étaient courantes sous leur premier régime, entre 1996 et 2001. Les condamnés étaient le plus souvent tués par balle ou lapidation, selon les crimes reprochés.
Amnesty International avait dénoncé la semaine passée le recours à la peine de mort par les autorités talibanes comme "une grave atteinte à la dignité humaine". "Procéder à des exécutions en public ajoute à la cruauté inhérente de la peine de mort", avait estimé l'organisation.
Toutes les récentes exécutions ont été ordonnées en vertu du principe islamique de "qisas" ou loi du talion. Les autorités ont aussi procédé à plusieurs flagellations publiques pour d'autres crimes, comme le vol, l'adultère ou la consommation d'alcool.
En novembre 2022, Hibatullah Akhundzada, avait ordonné aux juges d'appliquer tous les aspects de la charia, notamment les exécutions publiques pour meurtre au nom du "qisas", mais aussi les châtiments corporels (lapidation, flagellation, amputation de membres). La Chine, l'Iran et l'Arabie saoudite - loin devant l'Egypte et les Etats-Unis - étaient en 2022 les Etats ayant procédé au plus grand nombre d'exécutions, selon Amnesty.
L'ordre et la loi sont des principes centraux de l'idéologie des talibans, un mouvement qui a émergé dans la chaos de la guerre civile après le retrait de l'Union soviétique en 1989. L'une des images les plus marquantes de leur premier régime reste celle en 1999 de l'exécution d'une femme portant la burqa dans un grand stade de Kaboul, devant des milliers de spectateurs. Elle avait été reconnue coupable d'avoir tué son époux.