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Iran. La Nobel de la paix emprisonnée lance un appel à l'ONU contre la répression

dépêche de presse du 18 mars 2024 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
La Nobel de la paix iranienne Narges Mohammadi, incarcérée depuis 2021 à Téhéran, a réclamé lundi « une pression systématique et globale » contre l'Iran face au durcissement de la « répression », dénoncée à l'ONU par des dizaines de pays et ONG.

« Je m'adresse à vous avec une grande inquiétude », affirme Narges Mohammadi dans sa déclaration lue par l'ONG Ensemble contre la Peine de Mort lors de débats au Conseil des droits de l'homme (CDH) sur l'Iran.

« Avec la récente vague de protestations et de mouvements en faveur de la vie et de la liberté des femmes, la répression s'est intensifiée », poursuit-elle, appelant l'ONU et les organisations de défense des droits humains à « exercer une pression systématique et globale » sur l'Iran.

Incarcérée depuis novembre 2021, Narges Mohammadi a été maintes fois condamnée et emprisonnée depuis 25 ans pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et la peine de mort. Elle souffre, a indiqué lundi le Rapporteur sur l'Iran, Javaid Rehman, « de graves problèmes de santé, notamment de graves problèmes cardiaques et pulmonaires, ce qui met sa santé en grand danger ».

« Graves problèmes de santé »

La Nobel de la paix (2023) a demandé - comme de nombreux pays et ONG dont Amnesty International et Human Rights Watch - le renouvellement des mandats de la mission d'enquête de l'ONU sur l'Iran et du Rapporteur spécial.

Les mandats de ces experts - qui n'ont pas été autorisés à se rendre en Iran - prennent fin en avril mais une proposition visant à les prolonger est à l'étude, à l'initiative notamment de l'Allemagne.

« Nous appelons l'Iran à mettre fin à l'impunité et à la répression systématique de sa population. La mission d'enquête (...) doit poursuivre et achever sa mission », a déclaré la commissaire allemande aux droits humains, Luise Amtsberg, au CDH.

Egalement à Genève, le chef du Haut conseil iranien des droits de l'Homme, Kazem Gharibabadi, a accusé les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Angleterre, la France et le Canada de se couvrir « de vernis humanitaire » et critiqué les sanctions contre son pays.

Publié il y a dix jours, le rapport de la mission d'enquête - que Téhéran a « fermement condamné » - affirme que la répression des manifestations de 2022, après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour ne pas voir porté correctement le hijab, et « la discrimination institutionnalisée » envers les femmes et les filles a mené à « des crimes contre l'humanité ».

Torture et « propos incendiaires »

La présidente de cette mission, Sara Hossain, a dénoncé lundi les mesures prises par Téhéran « pour réduire au silence les victimes et leurs familles en quête de vérité et de justice », tandis que le Rapporteur s'est dit « très préoccupé » avec « au moins 834 personnes exécutées en 2023 », une hausse de 43% sur un an.

Lui répondant, une représentante iranienne, Somayyeh Karimdoost, a dénoncé un rapport qui n'est « ni factuel, ni professionnel, et encore moins juste et équilibré ».

Un petit groupe de pays, dont la Russie, le Bélarus, le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord et la Syrie et la Chine, ont soutenu l'Iran, rejetant ce qu'ils estiment être une « politisation » des droits humains.

Mais des dizaines d'autres pays ont partagé les préoccupations de la Nobel de la paix et des experts de l'ONU, appelant l'Iran à mettre au moins en place un moratoire sur les exécutions.

« 16 des 24 femmes exécutées dans le monde en 2022 l'ont été en Iran et au moins 22 femmes ont été exécutées en Iran en 2023, le plus grand nombre depuis 2013 », a souligné l'ambassadeur français, Jérôme Bonnafont.

« De nombreux détenus ont signalé que les autorités avaient recours à la torture, à la violence sexuelle et fondée sur le genre pour leur arracher des aveux », a dénoncé l'ambassadrice américaine Michèle Taylor, interrompue par la diplomate iranienne qui a fustigé des « propos incendiaires et provocateurs ».

Un peu moins d'une cinquantaine de personnes ont manifesté devant l'ONU, pour demander « aux Nations unies de tenir l'Iran responsable de crimes contre l'humanité » et au Conseil de sécurité d'examiner la situation, a déclaré à l'AFP Zolal Habibi, une porte-parole du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), regroupant des opposants en exil.
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