Un policier irakien devant le drapeau de l'Irak, à Najaf le 9 janvier 2016. Photo d'archives AFP/HAIDAR HAMDANI
Au moins 11 personnes ont été pendues cette semaine en Irak pour appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI) en vertu de la loi antiterroriste, ont indiqué mercredi deux responsables de sécurité et de la santé.
L'ONG des droits humains Amnesty international a elle fait état de l'exécution, lundi 22 avril, de 13 hommes « condamnés sur la base d'accusations de terrorisme trop vagues », selon un communiqué publié mercredi.
Pour la justice irakienne, le « terrorisme », mais aussi les homicides volontaires, voire les trafics de drogue, peuvent valoir la peine de mort par pendaison à leurs auteurs. Les décrets autorisant les exécutions doivent être signés par le président irakien.
Utilisant l'acronyme en arabe de l'EI, un responsable de sécurité de la province de Dhi Qar, dans le sud de l'Irak, a confirmé « l'exécution de la peine capitale pour 11 terroristes de l'organisation Daech dans la prison de Nassiriya ».
Un responsable des autorités médicales de Dhi Qar, dont le département reçoit les corps, a confirmé avoir réceptionné « les corps de 11 condamnés exécutés lundi. »
Ils ont été « exécutés en vertu de l'article 4 de la loi antiterroriste » selon cette source s'exprimant sous couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier.
Les 11 personnes étaient originaires de la province de Salaheddine (ouest) et les corps de sept d'entre eux ont été récupérés par leur famille, auprès de l'Institut-médico légal de Nassiriya, a précisé ce responsable.
Depuis plusieurs années, les tribunaux irakiens ont prononcé des centaines de peines capitales et de condamnations à perpétuité car le Code pénal prévoit une sentence jusqu'à la mort pour quiconque a rejoint « un groupe terroriste », que l'accusé ait combattu ou non dans ses rangs.
Par le passé, l'Irak a été épinglé pour des centaines de procès qualifiés d'expéditifs, des aveux obtenus sous la torture ou une représentation juridique inefficace, selon les défenseurs des droits humains.
« Manque de transparence »
Evoquant l'exécution de 13 hommes lundi, Amnesty explique dans son communiqué que 11 d'entre eux avaient été « condamnés pour affiliation au dénommé groupe armé Etat islamique ».
Les deux autres, détenus depuis 2008, avaient été condamnés « pour des accusations de terrorisme en vertu du Code pénal, à l'issu d'un procès manifestement inéquitable », assure Amnesty en citant leur avocat.
L'ONG dénonce « un inquiétant manque de transparence concernant les exécutions en Irak ces derniers mois ».
« Le gouvernement irakien doit immédiatement établir un moratoire officiel sur les exécutions et oeuvrer en faveur de l'abolition de la peine de mort », plaide l'ONG.
« Les exécutions menées après des procès ne respectant pas les normes internationales en matière de droits humains peuvent s'apparenter à une privation arbitraire de la vie », rappelle l'organisation basée à Londres.
Fin janvier, des experts du Haut-commissariat des droits humains de l'ONU « exprimaient leur profonde préoccupation au sujet d'informations » faisant état « d'exécutions de masse au sein du système pénitentiaire » en Irak, selon un communiqué.
Le texte évoquait des exécutions menées fin 2023 dans la prison de Nassiriya.
Selon le communiqué onusien, 13 prisonniers irakiens, « précédemment condamnés à mort, ont été exécutés le 25 décembre 2023 » --soit « la plus grande » exécution menée « en un jour » par les autorités irakiennes depuis novembre 2020, quand 20 prisonniers avaient été exécutés.
Après sa montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie voisine, l'EI a vu son « califat » autoproclamé s'écrouler sous le coup d'offensives successives dans ces deux pays.
Si les autorités irakiennes ont proclamé leur « victoire » contre l'EI fin 2017, des cellules jihadistes continuent d'attaquer sporadiquement les effectifs de l'armée et de la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes.