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Irak. Dix personnes pendues pour des faits de "terrorisme"

dépêche de presse du 22 juillet 2024 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Irak
Thème :
Les autorités irakiennes ont pendu lundi dix personnes reconnues coupables de « terrorisme » et d'appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), ont indiqué une source de sécurité et un responsable de la santé.

Ces dernières années, les tribunaux irakiens ont prononcé des centaines de peines capitales et de condamnations à perpétuité car le Code pénal prévoit une sentence pouvant aller jusqu'à la mort pour quiconque a rejoint « un groupe terroriste », que l'accusé ait combattu ou non dans ses rangs.

Dix Irakiens « reconnus coupables de crimes terroristes et d'appartenance à l'EI ont été exécutés par pendaison » à la prison d'al-Hout, dans la ville de Nassiriya (sud), « sous la supervision d'une équipe du ministère de la Justice », a précisé à l'AFP le responsable de la Santé sous couvert de l'anonymat. Une source de sécurité a confirmé les exécutions.

La prison de Nassiriya est communément surnommée « al-Hout », la baleine en arabe, car selon des Irakiens personne n'en ressort jamais vivant. Les dix Irakiens ont été pendus en vertu de « l'article 4 de la loi antiterroriste » et les services de santé ont reçu leurs corps, a ajouté le responsable de la santé.

Pour la justice irakienne, le « terrorisme », mais aussi les homicides volontaires, voire les trafics de drogue, peuvent valoir la peine de mort par pendaison. Les décrets autorisant les exécutions doivent être signés par le président irakien. Par le passé, l'Irak a été épinglé pour des centaines de procès qualifiés d'expéditifs, des aveux obtenus sous la torture ou une représentation juridique inefficace, selon les défenseurs des droits humains. Le 31 mai, huit personnes condamnées à mort pour « terrorisme » et appartenance à l'EI ont été pendues dans le sud de l'Irak, onze ont été pendues le 22 avril et un autre groupe le 6 mai, avaient indiqué les sources de sécurité.

« Horrifiés »

En juin, des experts de l'ONU se sont dits « alarmés par le nombre élevé d'exécutions annoncées depuis 2016, près de quatre cents, dont 30 cette année ». « Lorsque les exécutions arbitraires sont généralisées et systématiques, elles peuvent constituer des crimes contre l'humanité », ont déclaré ces rapporteurs spéciaux, qui sont nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne parlent pas au nom de l'ONU. Ils ont ajouté que, selon les chiffres officiels, 8.000 prisonniers se trouvent dans les couloirs de la mort en Irak.

Les experts ont exhorté les autorités irakiennes à « mettre fin aux exécutions » et se sont déclarés « horrifiés par les nombreux décès signalés à la prison de Nassiriya, dus à la torture et aux conditions de détention déplorables ». La chercheuse à Amnesty International, Razaw Salihy, a dit craindre « une catastrophe humaine dans le couloir de la mort » en Irak avec « l'application continue de la peine capitale dans le pays –malgré le tollé national et international ».

Après sa montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie voisine, l'EI a vu son « califat » autoproclamé s'écrouler sous le coup d'offensives successives dans ces deux pays. Si les autorités irakiennes ont proclamé leur « victoire » contre l'EI fin 2017, des cellules jihadistes continuent d'attaquer sporadiquement des soldats et des policiers, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes.
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