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Iran. Des ONG dénoncent une nouvelle exécution "arbitraire et odieuse"

dépêche de presse du 7 août 2024 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
Thème :
Plusieurs ONG de défense des droits de l'homme ont dénoncé mercredi l'exécution en Iran d'un homme condamné à la peine capitale pour le meurtre d'un militaire, lors du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini en 2022.

Gholamreza Rasaei, la trentaine, a été exécuté mardi dans la prison de Kermanshah, dans l'ouest du pays, après avoir été reconnu coupable du meurtre d'un colonel des Gardiens de la révolution dans la région en novembre 2022, selon l'organe de presse de la justice iranienne Mizan Online. M. Rasaei, membre de la minorité kurde, a été exécuté en secret, sans que sa famille ni son avocat n'en soient informés. Sa famille a ensuite été contrainte d'enterrer son corps dans une zone reculée, loin de chez lui, selon Amnesty International. Il avait été condamné à mort en octobre 2023 conformément à la loi du talion, utilisée en Iran dans les affaires de meurtre et liée à la volonté de la famille de la victime de voir appliquer la peine capitale, a précisé Mizan Online.

Région à majorité kurde, Kermanshah était à l'époque l'un des épicentres du mouvement de contestation, déclenché par la mort en détention en septembre de Mahsa Amini, une jeune femme kurde arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire en vigueur en Iran. Plusieurs centaines de personnes, y compris des membres de forces de sécurité, ont été tuées et des milliers arrêtées lors de ce mouvement décrit par les autorités comme des "émeutes" orchestrées par les pays occidentaux. M. Rasaei est le dixième homme pendu par les autorités iraniennes à la suite de ces manifestations.

"Outil de répression politique"

Les groupes de défense des droits humains accusent régulièrement l'Iran d'avoir recours à la peine de mort contre des manifestants sans procédure valide, dans le seul but d'intimider la population. Cette exécution met en évidence la détermination de la République islamique "à utiliser la peine de mort comme un outil de répression politique pour semer la peur au sein de la population", a pointé Diana Eltahawy, directrice adjointe d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. L'ONG a jugé que sa condamnation à mort avait été prononcée "à l'issue d'un procès manifestement inéquitable qui reposait sur des 'aveux'" forcés obtenus sous la torture et autres mauvais traitements, notamment des passages à tabac, des décharges électriques, l'étouffement et des violences sexuelles.

L'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, a rapporté que Rasaei avait lui-même déclaré au tribunal que ses aveux avaient été obtenus sous la torture, ce que le juge a décidé d'ignorer, tout comme deux témoignages d'experts qui le disculpaient, dont un rapport médico-légal.

"Exécution arbitraire et odieuse"

La "condamnation à mort a été prononcée et appliquée sur la base de ses aveux entachés de torture et dans le but de terroriser la population", a également affirmé Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d'IHR. L'Iran a exécuté au moins 313 personnes en 2024, selon le décompte d'IHR. Pour ces ONG, l'exécution de M. Rasaei montre qu'il n'y a aucun signe de relâchement dans cette politique de recours à la peine de mort depuis l'élection du nouveau président Massoud Pezeshkian en juillet.

Alors que les craintes d'un conflit ouvert entre l'Iran et Israël grandissent, les défenseurs des droits de l'homme appellent la communauté internationale à ne pas ignorer cette frénésie des pendaisons. "L'exécution de Rasaei est non seulement inhumaine et archaïque, mais également illégale et injuste, même au regard des lois de la République islamique", a souligné l'ONG Adhorrahman Boroumand Center, basée aux États-Unis.
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