Trente-et-une organisations de défense des droits humains ont alerté jeudi sur "la forte augmentation" de l'application de la peine de mort en Arabie saoudite pour trafic de drogue, avec 42 personnes exécutées pour ce motif depuis début 2024.
Les organisations de défense des droits humains, dont l'ONG saoudienne ALQST, basée à Londres, l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) basée au Caire et l'association Action chrétienne pour l'abolition de la torture (ACAT-France) ont exprimé dans un communiqué "leur profonde inquiétude pour la vie de centaines de détenus menacés d'exécution en Arabie saoudite pour trafic de stupéfiants (...) au regard de la forte augmentation du nombre d'exécutions depuis début 2024".
"Bien qu'il n'existe pas de chiffres officiels sur le nombre de personnes condamnées à mort en Arabie saoudite, les données indiquent qu'il y a des centaines de personnes reconnues coupables d'affaires de drogue, de différentes nationalités, dans les prisons du pays", selon la même source.
Parmi elles figurent "33 Egyptiens détenus dans la seule prison de Tabouk (nord)".
Depuis mai, l'Arabie saoudite a exécuté 42 personnes condamnées pour trafic de stupéfiants, selon un décompte de l'AFP basé sur les déclarations officielles, contre seulement deux en 2023.
Au total, 170 personnes ont été exécutées l'année dernière dans ce pays qui compte le plus d'exécutions au monde après la Chine et l'Iran. Cette année, le nombre d'exécutions s'élève déjà à 180.
L'Arabie saoudite est un marché important pour le captagon, une drogue de la famille des amphétamines produite en Syrie et au Liban.
Les autorités ont lancé l'année dernière une campagne de lutte contre la drogue très médiatisée, avec une série de raids et d'arrestations.
Les exécutions de trafiquants de drogues s'y multiplient depuis la fin d'un moratoire pour ce crime il y a deux ans.
Si les autorités saoudiennes affirment que la peine capitale est nécessaire au "maintien de l'ordre public" et qu'elles appliquent les peines seulement si "les accusés ont épuisé tous les niveaux de contentieux", les 31 ONG dénoncent, elles, "le manque de transparence du gouvernement saoudien dans son traitement des exécutions" et de nombreuses "violations" des droits des condamnés.
Parmi elles, la privation du "droit à une légitime défense" et l'utilisation de "la torture et des mauvais traitements".
Les ONG ont appelé Ryad à "cesser d'exécuter pour trafic de drogue et à modifier ses lois conformément à ses obligations et au droit international".